Difference between revisions of "MOOC:Compagnon Act25-s6"

From Livre IPv6

(Références bibliographiques)
 
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__NOTOC__  
 
__NOTOC__  
= Activité 25 : La taille des paquets IPv6=
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=Activité 25 : Le mécanisme d’extension de l'en-tête IPv6=
==Introduction ==
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La notion de datagramme, sur laquelle repose le protocole IP, implique un découpage des données provenant de la couche transport afin que ces données puissent être transportées dans des paquets. Ces paquets sont ensuite placés dans des trames avant d’être émis sur le support physique. Le protocole IP est lui-même transporté par la couche liaison sur des supports physiques qui peuvent être de natures différentes, impliquant des tailles de trames de longueur variable. La gestion de la taille du paquet sur le chemin est donc nécessaire pour permettre la transmission des données de manière transparente d'un bout à l'autre de l'Internet.
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Principe d'extension : Adapter le niveau IP à de nouvelles fonctionnalités
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* Exemple de fonctionnalités
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** Extension de routage / Mobilité
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** La sécurité
  
== Cas nominal (taille paquet < PMTU) ==
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* Next Header
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* Quelques exemples de fonctionnalités
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** Extension de routage / Mobilité
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** Extension de fragmenntation
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** Extension d'authentification
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* Ressources supplémentaires
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{{Approfondissement}}
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== Introduction ==
  
La couche réseau a pour tâche de placer les segments provenant de la couche transport (données utiles + en-tête transport) dans des paquets. Ces paquets sont ensuite placés dans des trames sur le support physique (cf. Figure 1). Ce support, selon sa nature, définit une taille maximale de trame : Ethernet (1500 octets), PPPoA (1468 octets), MPLS (de 1500 à 65535 octets), etc. Cette taille fixe donc, pour la couche réseau, la taille maximale de données pouvant être placées dans un paquet. Elle est appelée MTU ''Maximum Transmission Unit''.
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Les extensions de l'en-tête IPv6 visent à ajouter des fonctionnalités supplémentaires à l'acheminement d'un paquet dans l'Internet. Ces extensions vont impliquer le traitement de ces fonctionnalités au niveau réseau, soit par le destinataire du paquet IPv6, soit par les routeurs intermédiaires en charge de l’acheminement du paquet IPv6.
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De nombreuses extensions ont été définies, afin d'assurer des fonctions comme  le routage par la source, la gestion de la fragmentation, la confidentialité des communications (mécanisme ''ipsec''), etc.
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Le mécanisme d'extension de l'en-tête IPv6 est assez souple pour pouvoir inclure d'autres fonctionnalités futures. Dans cette activité, nous allons nous intéresser au principe du traitement des extensions au moyen d'exemples simples et démonstratifs de ce mécanisme.
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== Principe des extensions IPv6==
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Les extensions peuvent être vues comme un protocole 3.5, entre les couches 3 (réseau) et 4 (transport) du modèle OSI. En effet, à part l'extension de proche-en-proche, qui est traitée par tous les routeurs traversés, les autres extensions ne sont traitées que par le destinataire du paquet (i.e. celui spécifié dans le champ adresse de destination du paquet IPv6).
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Une extension a une longueur multiple de 8 octets (64 bits). Elle commence par un champ <tt>Next header</tt> qui définit, sur un octet, le type d'extension ou de protocole qui suit. Pour les extensions de longueur variable, l'octet suivant contient la longueur de l'extension en mots de 8 octets, le premier mot n'étant pas compté. Par exemple, une extension de 16 octets aura une longueur de 1.
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Si, d'un point de vue théorique, les extensions sont supérieures aux options d'IPv4, dans la réalité très peu sont utilisées à grande échelle et restent du domaine de la recherche.
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'''''Nota :''''' ''dans la pratique, l'extension la plus couramment rencontrée est probablement l'option de fragmentation à la source. En effet, certains protocoles applicatifs sur UDP, tel que NFS, supposant que la fragmentation existe au niveau réseau, produisent des messages de taille quelconque sans se soucier du MTU. Comme il n'est pas envisageable de modifier ces applications largement déployées, la couche réseau IPv6 doit être capable de gérer la fragmentation. IPv6 impose simplement que cette dernière se fasse à la source.''
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Une présentation illustrée des extensions IPv6 peut être consultée sur le site de Cisco<ref>Cisco (2006) White paper.[http://www.cisco.com/en/US/technologies/tk648/tk872/technologies_white_paper0900aecd8054d37d.html IPv6 Extension Headers Review and Considerations]</ref>.
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== Le champ ''Next Header'' ==
  
 
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[[Image:2015_10_14PMTU_2_v01.jpg|400px|thumb|center|Figure 1 : Encapsulation IP dans Ethernet.]]
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[[image:2015_10_14_ipv6_header_next-header_v02.jpg|thumb|right|300px|Figure 1 : Localisation du champ <tt>Next Header</tt> dans l'en-tête IPv6.]]
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Le champ <tt>Next Header</tt> de l'en-tête IPv6, comme illustré sur la figure 1, identifie généralement le protocole de niveau supérieur comme, par exemple, le transport TCP/UDP. Mais, dans le cas des extensions, plusieurs mécanismes particuliers sont également disponibles parmi la liste suivante :
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<center>{{MOOC_Valeurs_du_champ_en-tête_suivant}}
 
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Un paquet IP est cependant amené à voyager sur plusieurs supports de natures différentes, chacun imposant une taille maximale (ou MTU) différente. Pour pouvoir parcourir son chemin jusqu'à sa destination, le paquet doit donc avoir une taille inférieure ou égale à la plus grande taille autorisée par l'ensemble des liens traversés (cf. Figure 2). Cette taille est de ce fait appelée PMTU ''Path Maximum Transmission Unit'' ou unité de transfert de taille maximale sur le chemin.
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== Intégration des extensions d’en-tête dans le paquet IPv6==
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Quand il y a plusieurs extensions dans un même datagramme, les extensions sont placées selon un ordre qui dépend de leur portée :
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* extensions impliquant tous les routeurs intermédiaires : ''Hop-by-Hop'' ;
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* extensions impliquant seulement certains routeurs désignés : ''Routing'' ;
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* extension impliquant le destinataire : ''Authentication'', ''Encapsulating Security Payload'', Fragmentation, Destination.
  
Pour des considérations d'efficacité, il est généralement préférable que les informations échangées entre équipements soient contenues dans des datagrammes de taille maximale. Une trop petite taille de paquet a pour effet d'augmenter la charge supplémentaire des en-têtes par rapport aux données transportées, ainsi que d'augmenter le nombre de paquets à traiter dans les routeurs. Au moment de créer des paquets, la couche réseau essaie donc de respecter au maximum la PMTU.  
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La figure 2 montre la souplesse avec laquelle plusieurs extensions peuvent être chaînées. Chaque extension contient dans son en-tête un champ <tt>en-tête suivant</tt> et un champ <tt>longueur</tt>. Le premier paquet ne contient pas d'extension ; le champ <tt>en-tête suivant</tt> pointe sur ICMPv6. Le second paquet ne contient pas d'extension ; le champ <tt>en-tête suivant</tt> pointe sur TCP. Le troisième paquet contient une extension de protection qui pointe ensuite sur UDP. Dans le dernier paquet, une extension de routage, qui pointe sur une extension de fragmentation, pointe finalement sur ICMPv6.
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* L'enchaînement des extensions se fait dans un ordre bien déterminé. Par exemple, une extension concernant tous les routeurs sur le chemin (''Hop-by-Hop'') devra forcément se trouver en première position. Si elle se trouvait à la suite d'une extension ''Destination'', elle ne pourrait être lue, l'extension ''Destination'' n'étant interprétée que par le destinataire du paquet.
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* Si cet enchaînement d'extension offre beaucoup plus de souplesse que les options d'IPv4, il rend difficile la lecture des numéros de port. Il faut en effet lire tout l'enchaînement d'extension pour arriver au protocole de niveau 4. Ceci a servi de justification à l'identificateur de flux qui permettait de refléter au niveau 3 un flux particulier et évitait de dérouler l'enchaînement. Bien entendu, les pare-feux devront vérifier les numéros de ports.
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* Les extensions peuvent être vues comme un protocole 3.5 (entre la couche 3 et la couche 4). En effet, à part l'extension de "proche en proche", qui est traitée par tous les routeurs traversés, les autres extensions ne sont traitées que par le destinataire du paquet (''i.e.'' celui spécifié dans le champ <tt>adresse de destination</tt> du paquet IPv6).  
  
 
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[[Image:2015_10_14_PMTU_v01.jpg|500px|thumb|center|Figure 2 : Path MTU.]]
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[[image:2015_10_10_extensions_IPv6_v01.jpg|thumb|center|600px|Figure 2 : Enchaînement d'extensions.]]
 
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Il est à noter qu'IPv6 impose une valeur minimale pour la MTU au niveau réseau (et donc pour la PMTU pour un chemin), valeur fixée à 1280. Cette limite a pour objectif d'éviter qu'un lien imposant une MTU très faible n'implique la transmission de petits paquets pour tous les chemins empruntant ce lien. Si un support physique impose une taille inférieure à 1280, il est nécessaire de mettre en place une couche d'adaptation pour la couche réseau. C'est le cas par exemple pour les réseaux IEEE 802.15.4, imposant une MTU de 81 octets, pour lesquels la couche d'adaptation pour IPv6 6LowPAN (RFC 4944) a dû être spécifiée.
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== Quelques exemples ==
  
== Découverte de la PMTU ==
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=== Fragmentation ===
  
Cependant, la valeur de la PMTU n'est pas forcément connue à l'envoi d'un premier paquet vers une destination quelconque. L'émetteur du paquet fait alors la supposition que la taille maximale vers cette destination est égale à celle du support physique sur lequel il est connecté, c'est-à-dire la MTU du réseau d’accès.  
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Nous avons vu la fragmentation en détail lors de l'activité consacrée à la taille des paquets IPv6. Les points essentiels à rappeler sont que la fragmentation en IPv6 est une fonction d'hôtes exclusivement, et que par souci d'efficacité, l'adaptation de la taille de l'unité de données applicatives en unité de transfert est du ressort de la couche de transport. Cependant, lorsque ce n'est pas possible, en dernier ressort, la fragmentation est faite par IPv6.  Les informations pour la fragmentation sont placées dans une extension d'en-tête IPv6 identifiée par la valeur 44.
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D'un point de vue du codage, l'en-tête et les extensions qui concernent les routeurs intermédiaires (pour l'instant "proche en proche" et "routage par la source") sont recopiées dans chaque fragment, tandis que les autres extensions et l'en-tête de niveau 4 ne seront présents que dans le premier fragment.
  
L'acheminement du paquet s'effectue normalement jusqu'au premier routeur rencontrant une incompatibilité entre la taille du paquet à transmettre et la taille maximale autorisée sur le support physique. Le routeur est alors dans l'incapacité de transmettre le paquet. Dans le cas d'un paquet IPv6, le routeur utilise alors un message de signalisation (basé sur ICMPv6, qui sera décrit dans la séquence 3) pour informer l'émetteur du paquet du problème d'acheminement, ainsi que de la taille recommandée pour que les paquets soient retransmis.  
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La fragmentation en IPv4 n'est pas très performante. Quand un routeur ne peut pas transmettre un paquet à cause de sa trop grande taille, il doit le transmettre en fragments. Comme l'Internet n'est pas fiable, un fragment peut se perdre. Le destinataire ne peut rassembler les fragments. Cela revient à perdre tous les fragments. Il est donc plus efficace de faire les fragments avant la couche IP. Ainsi le fragment devient un paquet IP à la bonne taille. Maintenant, en cas de perte, seul le paquet perdu sera retransmis, évitant ainsi la retransmission de gros blocs de données.
  
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Il est plus intéressant d'adapter la taille des paquets à l'émission. Ceci est fait en utilisant les techniques de découverte du MTU (voir RFC 8201 : Mécanisme de découverte du PMTU). En pratique, une taille de paquets de MTU 1280 octets est une bonne garantie d'acheminement du paquet.
[[Image:2015_10_14_PMTU_3_v01.jpg|600px|thumb|center|Figure 3 : Négociation Path MTU Discovery.]]
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La couche réseau de l'émetteur doit alors, à la réception de ce message, émettre de nouveau les données, mais dans un paquet ayant pour taille celle recommandée dans le message (cf. Figure 3). Cette valeur est alors enregistrée comme la PMTU pour tous les prochains paquets vers cette même destination. Ce processus peut être répété si d'autres liens imposent des tailles maximales de transmission encore inférieures. L'émetteur enregistrera les valeurs recommandées successives jusqu'à arriver à la taille maximale autorisée sur le chemin. Les paquets suivants qui respecteront cette taille seront alors acheminés sans problème. Ce mécanisme de découverte de la taille maximale de transmission sur le chemin est spécifié dans le RFC 1981.
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=== Extensions d'authentification (AH) et de confidentialité (ESP) ===
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L'extension d'authentification (AH : Authentication Header) décrite dans le RFC 4302 permet de s'assurer que l'émetteur du message est bien celui qu'il prétend être. Elle sert aussi au contrôle d'intégrité pour garantir au récepteur que personne n'a modifié le contenu d'un message lors de son transfert sur le réseau. Elle peut optionnellement être utilisée pour détecter les rejeux.
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Le principe de l'authentification est relativement simple. L'émetteur calcule un authentificateur sur un datagramme et l'émet avec le datagramme sur lequel il porte. Le récepteur récupère cette valeur et vérifie qu'elle est correcte. Si un code d'authentification de message <ref>Code d'authentification de message, [https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_d%27authentification_de_message Article Wikipedia]</ref> est utilisé, il suffit au récepteur de calculer de son côté le code sur le même datagramme à l'aide de la clé symétrique partagée et de le comparer avec le code reçu. Si le mécanisme de signature numérique est employé, le récepteur doit alors récupérer la signature, la déchiffrer avec la clé publique de l'émetteur et comparer le condensat ainsi obtenu avec celui calculé de son côté sur le datagramme reçu. Si les deux codes, ou les deux condensats diffèrent, soit l'émetteur ne possède pas la bonne clé, soit le message a subi des modifications en chemin.
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L'extension ESP ''Encapsulating Security Payload'' décrite dans le RFC 4303 permet de chiffrer l'ensemble des paquets ou leur partie transport et de garantir l'authentification et l'intégrité de ces paquets. Cette extension permet optionnellement de détecter les rejeux (à condition que le service d'authentification soit assuré) et garantit de façon limitée la confidentialité du flux.
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Pour obtenir ces services de sécurité, il est nécessaire, avant d'émettre un paquet IP sur le réseau, de chiffrer les données à protéger, de calculer un authentificateur, et d'encapsuler ces informations dans l'en-tête de confidentialité ESP. Cela nécessite bien entendu l'existence d'une association de sécurité précisant, entre autres, le ou les algorithmes de chiffrement, la ou les clés, et un indice de paramètres de sécurité. Pour en savoir plus sur les extensions de sécurité, nous renvoyons le lecteur vers le livre<ref>G. Cizault. livre "IPv6, Théorie et Pratique". [http://livre.g6.asso.fr/index.php/S%C3%A9curit%C3%A9 Chapitre sur la Sécurité]</ref>.
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=== Segment Routing Header (SRH) ===
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Cette extension est une des briques qui permet la mise en œuvre de l'ingénierie de trafic et de la qualité de service dans les réseaux IPv6. Certaines applications ont besoin que le délai, le taux de perte des paquets et le débit ne dépassent pas un certain seuil. Par exemple, une session de vidéo-conférence peut nécessiter que le délai de bout en bout reste inférieur à 100 ms, que le débit disponible soit au minimum de 2 Mbit/s et que le taux de perte reste inférieur à 1 %. La solution habituellement mise en œuvre pour le respect de ces métriques de qualité de service est RSVP-TE<ref>Packet Pushers, novembre 2016.[http://packetpushers.net/rsvp-te-protocol-deep-dive/ Deep dive in the RSVP-TE protocol]</ref>. RSVP est un protocole de réservation de ressources sur les routeurs du chemin entre une source et une destination. La composante d'ingénierie de trafic permet notamment de choisir explicitement le chemin qui sera suivi par le paquet. Lorsqu'une application a besoin de réserver des ressources, un circuit MPLS est établi et le protocole RSVP réserve les ressources sur l'ensemble des routeurs qui composent le chemin. La figure 4 résume ce comportement : le nœud A est la source du flot de vidéo-conférence destiné à B. Elle demande l'installation d'un chemin via MPLS. Le contrôleur détermine que le chemin le plus adapté est celui transitant par G,H,I,K,N source de vidéo-conférence. Elle effectue ensuite une réservation de ressource via RSVP. Chacun des routeurs G,H,I,K,N doit accepter la requête.
  
== Cas où taille paquet > PMTU : besoin de fragmentation IPv6 ==
 
Il existe cependant des cas où la couche réseau ne peut pas adapter la taille des données à transmettre à la taille maximale autorisée sur le chemin. C'est le cas par exemple des messages transportés sur UDP pour le système de fichiers NFS. Ces messages peuvent avoir une taille supérieure à celle autorisée sur le support.
 
  
La couche réseau n'a alors d'autre choix que de fragmenter ces données. Le principe de la fragmentation est de séparer un paquet, devant être émis avec une taille trop importante, en plusieurs paquets respectant la taille maximale autorisée. Ces paquets (ou fragments) sont émis et acheminés vers la destination comme n'importe quel autre paquet IP (cf. Figure 4). La couche réseau du destinataire se charge alors de reconstruire le paquet IP original pour que les données puissent être traitées.
 
  
 
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[[image:2015_10_14_PMTU_4_v01.jpg|thumb|center|400px|Figure 4 : Fragmentation.]]
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[[image:Moocipv6-act24-SRH-rsvp2.png|thumb|center|600px|Figure 4 : Exemple d'utilisation de RSVP-TE pour assurer la qualité de service.]]
 
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L'identification d'un fragment (À quel paquet appartient-il ? Quelle est la position relative de ce fragment ?) est transmise dans une extension de fragmentation de l'en-tête IPv6. Le format de l'extension de fragmentation est donné figure 5.
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L'inconvénient de cette méthode est qu'avec RSVP, les réservations doivent être fréquemment renouvelées et les routeurs doivent garder des états relatifs à chacun des flots. À chaque fois qu'un routeur reçoit un paquet, il doit chercher dans la liste des flots le comportement à y associer. Cela limite le passage à l'échelle (le nombre de flots supportés). De plus, l'établissement des circuits MPLS est coûteux en temps, en états, et en communication. Pour finir, si un des nœuds ou des liens qui compose le chemin n'est plus disponible, le temps requis pour établir un nouveau chemin peut être trop important face aux besoins des flots <ref>Cisco, [http://www.segment-routing.net/tutorials/2017-03-06-segment-routing-traffic-engineering-srte/ SR Traffic Engineering]</ref>.
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Le concept de ''segment routing'' a été proposé pour palier ces désavantages. Il permet de réduire l'intelligence des nœuds du réseau. Un contrôleur choisit le chemin qui respecte les besoins de qualité de service du nœud. Le chemin à suivre ainsi que le traitement à associer aux paquets sont ensuite explicitement listés dans leurs en-têtes. Ces traitements à appliquer au paquet sont appelées segments. Un segment peut être l'adresse d'un routeur par lequel le paquet devra transiter, un lien à emprunter ou encore un service fourni par le routeur sur lequel transite le paquet. La séquence de segments que doit suivre le paquet peut être implémentée via une liste de labels MPLS ou, dans le cas d'un réseau IPv6, via l'option ''Segment Routing'' de l'en-tête <ref> Previdi & al. [https://tools.ietf.org/html/draft-ietf-6man-segment-routing-header-06 IPv6 Segment Routing Header (SRH) (Draft)]</ref>. Contrairement à MPLS, le ''segment routing'' avec IPv6 ne requière pas que tous les nœuds traversés par le paquet soient compatibles avec cette option. Cela permet un déploiement progressif et la traversée de plusieurs types de réseaux. Notons qu'il n'est pas nécessaire d'inscrire l'intégralité du chemin dans la liste. Les règles de routage classique de l'IGP s'appliquent jusqu'au prochain nœud explicitement listé dans l'en-tête. Dans le cas de la figure 5, pour suivre le chemin G,H,I,K,N, il est seulement nécessaire d'ajouter I et B dans la liste. Lorsque le paquet est généré par A, l'adresse de destination est celle de I. Lorsque le paquet atteint I, l'adresse de destination est remplacée par la prochaine dans la liste ; c'est-à-dire B. Le paquet suit le plus court chemin entre I et B ; en l’occurrence I,K,N. Le surcoût induit par la taille de l'extension de l'en-tête est donc limité.
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[[image:2015_10_14_PMTU_5_v02.jpg|thumb|center|400px|Figure 5 : Format de l'extension de fragmentation.]]
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[[image:Moocipv6-act24-SRH-rsvp.png|thumb|center|600px|Figure 5 : Exemple d'utilisation du ''Segment Routing'' pour l'ingénierie de trafic et la qualité de service.]]
 
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*Le champ <tt>place du fragment</tt> indique, lors du réassemblage, où les données doivent être insérées. Ceci permet de parer les problèmes dus au dé-séquencement dans les réseaux orientés datagrammes. Comme ce champ est sur 13 bits, la taille de tous les segments, sauf du dernier, doit être multiple de 8 octets.
 
*Le bit <tt>M</tt>, s'il vaut 1, indique qu'il y aura d'autres fragments émis.
 
*Le champ <tt>identification</tt> permet de repérer les fragments appartenant à un même paquet initial. Il est différent pour chaque paquet et recopié dans ses fragments.
 
  
Note : la fragmentation est permise en IPv4 au niveau des routeurs intermédiaires, leur donnant ainsi la possibilité de transmettre un paquet, même s'il est de taille supérieure à la MTU du lien suivant. Mais, dans ce cas, le mécanisme est jugé inefficace car il augmente la tâche des routeurs. En IPv6, grâce au mécanisme de découverte de la taille maximale de transmission, les routeurs intermédiaires ne fragmentent plus les paquets. Si la fragmentation est cependant nécessaire, cette tâche est déléguée aux extrémités de la communication.
 
  
== Jumbogrammes ==
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Le projet de RFC prévoit qu'un segment soit représenté sur 128 bits ; c'est-à-dire autant qu'une adresse IPv6. Le nombre de segments inclus dans l'option SRH peut être déduit du champ <tt>Hdr Ext Len</tt> qui indique le nombre d'octets de l'option moins un. Le prochain segment à appliquer est indiqué par le champ <tt>Segments Left</tt> qui indique le nombre de segments restant à appliquer au paquet. Le segment courant est inscrit dans le champ adresse de destination de l'en-tête IPv6. Lorsque le traitement associé à un segment est achevé, le prochain segment à traiter est copié dans le champ adresse de destination et le champ <tt>Segments Left</tt> est décrementé.
  
Une autre fonction optionnelle d'IPv6 est l'option "jumbogramme" dans une extension d'en-tête ''Hop-by-Hop'', qui permet l'échange de paquets ayant une charge utile jusqu'à 4 Gio moins un (2^32 − 1 = 4 294 967 295 octets), en permettant l'utilisation d'un champ <tt>longueur</tt> de 32 bits. De tels paquets sont appelés "jumbogrammes".
 
  
Étant donné que TCP et UDP disposent de champs limités à 16 bits (<tt>longueur</tt>, <tt>pointeur urgent</tt>), le support des "jumbogrammes" IPv6 nécessite des modifications sur l'implémentation des couches de protocoles Transport. Les "jumbogrammes" sont intéressants sur des liens qui disposent d'une MTU plus grand que 65583 octets (plus de 65535 octets de charge utile, plus 40 octets pour la taille fixe de l'en-tête, plus 8 octets pour l'en-tête d'extension ''Hop-by-Hop''). Mais, à la date de rédaction de ce texte, aucun support de transmission ne permet une taille de trame aussi importante.
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[[image:2015_10_14_IPv6_extension_routage_v02.jpg|thumb|center|400px|Figure 6 : Extension de routage par la source.]]
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L'extension SRH est très proche de l'en-tête de routage défini dans le RFC 8200 de IPv6. L'en-tête de routage devait notamment permettre le routage à la source (voir la figure 6) qui consiste à lister les routeurs que devaient traverser le paquet au cours de son acheminement. Cette pratique a été dépréciée en 2007 par le RFC 5095 pour des raisons de sécurité. En effet cela permettait de générer de la congestion sur certains chemins, des attaques de déni de service, des contournements des règles de filtrages de certains pare-feux ou encore d'utiliser des machines publiques accessibles (en DMZ) pour accéder à des machines privées. <ref>P.  Biondi et A. Ebalard, CanSecWest,  2017 .[http://www.secdev.org/conf/IPv6_RH_security-csw07.pdf IPv6 Routing Header Security]</ref>.
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Pour être acceptée, l'extension SRH doit donc garantir qu'elle ne serait pas vulnérable à ces attaques. Plusieurs cas d'utilisation sont décrits. Lorsque l'extension SRH est générée au sein du réseau de l'opérateur (i.e. routeur de bordure), les attaques listées dans le RFC 5095 sont inopérantes. Les routeurs de bordures doivent simplement filtrer les paquets provenant de l'extérieur pour éviter que des hôtes s'attribuent des privilèges ou provoquent de la congestion sur certains liens. Lorsque les SRH sont générées en dehors du réseau de l'opérateur, le projet de RFC prévoit l'utilisation d'un mécanisme d'authentification de l'en-tête défini par le RFC 2104 (option HMAC). La clé de chiffrement de l'en-tête HMAC est distribuée au sein des nœuds autorisés à générer ou manipuler des extensions d'en-têtes SRH.
  
 
== Conclusion ==
 
== Conclusion ==
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Cette activité vous a décrit les différents mécanismes qui enrichissent les fonctions disponibles au niveau de la couche réseau : routage, fragmentation, sécurité, etc. Ces mécanismes tirent parti de la possibilité d'ajouter des champs supplémentaires à l'en-tête IPv6 grâce aux extensions d'en-tête. Ces extensions sont ajoutées par les extrémités de la communication et sont transparentes pour les routeurs (exception faite des extensions de type ''Hop-by-Hop''). De plus, le mécanisme de chainage par le champ ''Next Header'' permet d'ajouter des extensions de manière souple.
  
Cette activité vous a présenté les différents cas nécessitant une gestion particulière de la taille du paquet IPv6. Cette gestion est conditionnée à la valeur de l'unité maximale de transfert sur le chemin, ou PMTU. Si la taille du paquet a envoyé est inférieure à cette taille, le paquet pourra être transmis vers sa destination sans problème dû à sa taille. Si par contre la taille du paquet est plus grande que la valeur de PMTU, soit un ajustement de la taille du segment de donnée est nécessaire au niveau de la couche transport, soit la fragmentation est obligatoire.
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L'usage des extensions est encore assez limité sur l'Internet. Certaines fonctionnalités ont été dépréciées (comme l'extension de routage RH0) et d'autres peinent à se développer (comme la mobilité IPv6). La présence potentielle de ces extensions doit être cependant prise en compte dans le traitement des paquets, notamment le filtrage sur les valeurs du champ ''Next Header'' de l'en-tête IPv6.
  
 
== Références bibliographiques ==
 
== Références bibliographiques ==
 
<references />
 
<references />
  
Vous pouvez approfondir vos connaissances en consultant les liens suivants :
+
== Pour aller plus loin==
* RFC 1981 : Path MTU Discovery for IP version 6 ([http://www.bortzmeyer.org/1981.html Analyse par S.Bortzmeyer])
+
Vous pouvez approfondir vos connaissances en consultant les documents de ce paragraphe.
* RFC 2460 : IP version 6, [https://tools.ietf.org/html/rfc2460#section-4.5 Section 4.5] Fragment header
+
 
* RFC 4821 : Packetization Layer Path MTU Discovery ([http://www.bortzmeyer.org/4821.html Analyse par S.Bortzmeyer])
+
RFC et leur analyse par S. Bortzmeyer :
* RFC 4944 : Transmission of IPv6 Packets over IEEE 802.15.4 Networks
+
 
* RFC 6946 : Processing of IPv6 "atomic" fragments ([http://www.bortzmeyer.org/6946.html Analyse par S.Bortzmeyer])
+
* RFC 4302 : IP Authentication Header
* [http://www.bortzmeyer.org/fragmentation-ip-1280.html "Fragmentation IPv6 : se résigner à couper à 1280 octets ?", un article de S.Bortzmeyer]
+
* RFC 4303 : IP Encapsulating Security Payload (ESP)
 +
* RFC 5095 : Deprecation of Type 0 Routing Headers in IPv6 Specification [http://www.bortzmeyer.org/5095.html Analyse]
 +
* RFC 7045 : Transmission and Processing of IPv6 Extension Headers [http://www.bortzmeyer.org/7045.html Analyse]
 +
* RFC 7872 : Observations on the Dropping of Packets with IPv6 Extension Headers in the Real World [http://www.bortzmeyer.org/7872.html Analyse]
 +
* RFC 8200 : Internet Protocol, Version 6 (IPv6) Specification [http://www.bortzmeyer.org/8200.html Analyse]
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* RFC 8201 : Path MTU Discovery for IP version 6 [http://www.bortzmeyer.org/8201.html Analyse]

Latest revision as of 15:01, 15 June 2021

Activité 25 : Le mécanisme d’extension de l'en-tête IPv6

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Introduction

Les extensions de l'en-tête IPv6 visent à ajouter des fonctionnalités supplémentaires à l'acheminement d'un paquet dans l'Internet. Ces extensions vont impliquer le traitement de ces fonctionnalités au niveau réseau, soit par le destinataire du paquet IPv6, soit par les routeurs intermédiaires en charge de l’acheminement du paquet IPv6.

De nombreuses extensions ont été définies, afin d'assurer des fonctions comme le routage par la source, la gestion de la fragmentation, la confidentialité des communications (mécanisme ipsec), etc.

Le mécanisme d'extension de l'en-tête IPv6 est assez souple pour pouvoir inclure d'autres fonctionnalités futures. Dans cette activité, nous allons nous intéresser au principe du traitement des extensions au moyen d'exemples simples et démonstratifs de ce mécanisme.

Principe des extensions IPv6

Les extensions peuvent être vues comme un protocole 3.5, entre les couches 3 (réseau) et 4 (transport) du modèle OSI. En effet, à part l'extension de proche-en-proche, qui est traitée par tous les routeurs traversés, les autres extensions ne sont traitées que par le destinataire du paquet (i.e. celui spécifié dans le champ adresse de destination du paquet IPv6). Une extension a une longueur multiple de 8 octets (64 bits). Elle commence par un champ Next header qui définit, sur un octet, le type d'extension ou de protocole qui suit. Pour les extensions de longueur variable, l'octet suivant contient la longueur de l'extension en mots de 8 octets, le premier mot n'étant pas compté. Par exemple, une extension de 16 octets aura une longueur de 1.

Si, d'un point de vue théorique, les extensions sont supérieures aux options d'IPv4, dans la réalité très peu sont utilisées à grande échelle et restent du domaine de la recherche.

Nota : dans la pratique, l'extension la plus couramment rencontrée est probablement l'option de fragmentation à la source. En effet, certains protocoles applicatifs sur UDP, tel que NFS, supposant que la fragmentation existe au niveau réseau, produisent des messages de taille quelconque sans se soucier du MTU. Comme il n'est pas envisageable de modifier ces applications largement déployées, la couche réseau IPv6 doit être capable de gérer la fragmentation. IPv6 impose simplement que cette dernière se fasse à la source.

Une présentation illustrée des extensions IPv6 peut être consultée sur le site de Cisco[1].

Le champ Next Header

Figure 1 : Localisation du champ Next Header dans l'en-tête IPv6.

Le champ Next Header de l'en-tête IPv6, comme illustré sur la figure 1, identifie généralement le protocole de niveau supérieur comme, par exemple, le transport TCP/UDP. Mais, dans le cas des extensions, plusieurs mécanismes particuliers sont également disponibles parmi la liste suivante :

Valeurs du champ en-tête suivant pour IPv6
valeur Hexa Protocole ou Extension
0 0x00 Proche-en-proche
4 0x04 IPv4
6 0x06 TCP
17 0x11 UDP
41 0x29 IPv6
43 0x2b Routage
44 0x2c Fragmentation
50 0x32 Confidentialité
51 0x33 Authentification
58 0x3a ICMPv6
59 0x3b Fin des en-têtes
60 0x3c Destination
132 0x84 SCTP
135 0x87 Mobilité
136 0x88 UDP-lite
140 0x8c Shim6

Intégration des extensions d’en-tête dans le paquet IPv6

Quand il y a plusieurs extensions dans un même datagramme, les extensions sont placées selon un ordre qui dépend de leur portée :

  • extensions impliquant tous les routeurs intermédiaires : Hop-by-Hop ;
  • extensions impliquant seulement certains routeurs désignés : Routing ;
  • extension impliquant le destinataire : Authentication, Encapsulating Security Payload, Fragmentation, Destination.


La figure 2 montre la souplesse avec laquelle plusieurs extensions peuvent être chaînées. Chaque extension contient dans son en-tête un champ en-tête suivant et un champ longueur. Le premier paquet ne contient pas d'extension ; le champ en-tête suivant pointe sur ICMPv6. Le second paquet ne contient pas d'extension ; le champ en-tête suivant pointe sur TCP. Le troisième paquet contient une extension de protection qui pointe ensuite sur UDP. Dans le dernier paquet, une extension de routage, qui pointe sur une extension de fragmentation, pointe finalement sur ICMPv6.

  • L'enchaînement des extensions se fait dans un ordre bien déterminé. Par exemple, une extension concernant tous les routeurs sur le chemin (Hop-by-Hop) devra forcément se trouver en première position. Si elle se trouvait à la suite d'une extension Destination, elle ne pourrait être lue, l'extension Destination n'étant interprétée que par le destinataire du paquet.
  • Si cet enchaînement d'extension offre beaucoup plus de souplesse que les options d'IPv4, il rend difficile la lecture des numéros de port. Il faut en effet lire tout l'enchaînement d'extension pour arriver au protocole de niveau 4. Ceci a servi de justification à l'identificateur de flux qui permettait de refléter au niveau 3 un flux particulier et évitait de dérouler l'enchaînement. Bien entendu, les pare-feux devront vérifier les numéros de ports.
  • Les extensions peuvent être vues comme un protocole 3.5 (entre la couche 3 et la couche 4). En effet, à part l'extension de "proche en proche", qui est traitée par tous les routeurs traversés, les autres extensions ne sont traitées que par le destinataire du paquet (i.e. celui spécifié dans le champ adresse de destination du paquet IPv6).
Figure 2 : Enchaînement d'extensions.

Quelques exemples

Fragmentation

Nous avons vu la fragmentation en détail lors de l'activité consacrée à la taille des paquets IPv6. Les points essentiels à rappeler sont que la fragmentation en IPv6 est une fonction d'hôtes exclusivement, et que par souci d'efficacité, l'adaptation de la taille de l'unité de données applicatives en unité de transfert est du ressort de la couche de transport. Cependant, lorsque ce n'est pas possible, en dernier ressort, la fragmentation est faite par IPv6. Les informations pour la fragmentation sont placées dans une extension d'en-tête IPv6 identifiée par la valeur 44. D'un point de vue du codage, l'en-tête et les extensions qui concernent les routeurs intermédiaires (pour l'instant "proche en proche" et "routage par la source") sont recopiées dans chaque fragment, tandis que les autres extensions et l'en-tête de niveau 4 ne seront présents que dans le premier fragment.

La fragmentation en IPv4 n'est pas très performante. Quand un routeur ne peut pas transmettre un paquet à cause de sa trop grande taille, il doit le transmettre en fragments. Comme l'Internet n'est pas fiable, un fragment peut se perdre. Le destinataire ne peut rassembler les fragments. Cela revient à perdre tous les fragments. Il est donc plus efficace de faire les fragments avant la couche IP. Ainsi le fragment devient un paquet IP à la bonne taille. Maintenant, en cas de perte, seul le paquet perdu sera retransmis, évitant ainsi la retransmission de gros blocs de données.

Il est plus intéressant d'adapter la taille des paquets à l'émission. Ceci est fait en utilisant les techniques de découverte du MTU (voir RFC 8201 : Mécanisme de découverte du PMTU). En pratique, une taille de paquets de MTU 1280 octets est une bonne garantie d'acheminement du paquet.

Extensions d'authentification (AH) et de confidentialité (ESP)

L'extension d'authentification (AH : Authentication Header) décrite dans le RFC 4302 permet de s'assurer que l'émetteur du message est bien celui qu'il prétend être. Elle sert aussi au contrôle d'intégrité pour garantir au récepteur que personne n'a modifié le contenu d'un message lors de son transfert sur le réseau. Elle peut optionnellement être utilisée pour détecter les rejeux.

Le principe de l'authentification est relativement simple. L'émetteur calcule un authentificateur sur un datagramme et l'émet avec le datagramme sur lequel il porte. Le récepteur récupère cette valeur et vérifie qu'elle est correcte. Si un code d'authentification de message [2] est utilisé, il suffit au récepteur de calculer de son côté le code sur le même datagramme à l'aide de la clé symétrique partagée et de le comparer avec le code reçu. Si le mécanisme de signature numérique est employé, le récepteur doit alors récupérer la signature, la déchiffrer avec la clé publique de l'émetteur et comparer le condensat ainsi obtenu avec celui calculé de son côté sur le datagramme reçu. Si les deux codes, ou les deux condensats diffèrent, soit l'émetteur ne possède pas la bonne clé, soit le message a subi des modifications en chemin.


L'extension ESP Encapsulating Security Payload décrite dans le RFC 4303 permet de chiffrer l'ensemble des paquets ou leur partie transport et de garantir l'authentification et l'intégrité de ces paquets. Cette extension permet optionnellement de détecter les rejeux (à condition que le service d'authentification soit assuré) et garantit de façon limitée la confidentialité du flux.

Pour obtenir ces services de sécurité, il est nécessaire, avant d'émettre un paquet IP sur le réseau, de chiffrer les données à protéger, de calculer un authentificateur, et d'encapsuler ces informations dans l'en-tête de confidentialité ESP. Cela nécessite bien entendu l'existence d'une association de sécurité précisant, entre autres, le ou les algorithmes de chiffrement, la ou les clés, et un indice de paramètres de sécurité. Pour en savoir plus sur les extensions de sécurité, nous renvoyons le lecteur vers le livre[3].

Segment Routing Header (SRH)

Cette extension est une des briques qui permet la mise en œuvre de l'ingénierie de trafic et de la qualité de service dans les réseaux IPv6. Certaines applications ont besoin que le délai, le taux de perte des paquets et le débit ne dépassent pas un certain seuil. Par exemple, une session de vidéo-conférence peut nécessiter que le délai de bout en bout reste inférieur à 100 ms, que le débit disponible soit au minimum de 2 Mbit/s et que le taux de perte reste inférieur à 1 %. La solution habituellement mise en œuvre pour le respect de ces métriques de qualité de service est RSVP-TE[4]. RSVP est un protocole de réservation de ressources sur les routeurs du chemin entre une source et une destination. La composante d'ingénierie de trafic permet notamment de choisir explicitement le chemin qui sera suivi par le paquet. Lorsqu'une application a besoin de réserver des ressources, un circuit MPLS est établi et le protocole RSVP réserve les ressources sur l'ensemble des routeurs qui composent le chemin. La figure 4 résume ce comportement : le nœud A est la source du flot de vidéo-conférence destiné à B. Elle demande l'installation d'un chemin via MPLS. Le contrôleur détermine que le chemin le plus adapté est celui transitant par G,H,I,K,N source de vidéo-conférence. Elle effectue ensuite une réservation de ressource via RSVP. Chacun des routeurs G,H,I,K,N doit accepter la requête.


Figure 4 : Exemple d'utilisation de RSVP-TE pour assurer la qualité de service.


L'inconvénient de cette méthode est qu'avec RSVP, les réservations doivent être fréquemment renouvelées et les routeurs doivent garder des états relatifs à chacun des flots. À chaque fois qu'un routeur reçoit un paquet, il doit chercher dans la liste des flots le comportement à y associer. Cela limite le passage à l'échelle (le nombre de flots supportés). De plus, l'établissement des circuits MPLS est coûteux en temps, en états, et en communication. Pour finir, si un des nœuds ou des liens qui compose le chemin n'est plus disponible, le temps requis pour établir un nouveau chemin peut être trop important face aux besoins des flots [5].

Le concept de segment routing a été proposé pour palier ces désavantages. Il permet de réduire l'intelligence des nœuds du réseau. Un contrôleur choisit le chemin qui respecte les besoins de qualité de service du nœud. Le chemin à suivre ainsi que le traitement à associer aux paquets sont ensuite explicitement listés dans leurs en-têtes. Ces traitements à appliquer au paquet sont appelées segments. Un segment peut être l'adresse d'un routeur par lequel le paquet devra transiter, un lien à emprunter ou encore un service fourni par le routeur sur lequel transite le paquet. La séquence de segments que doit suivre le paquet peut être implémentée via une liste de labels MPLS ou, dans le cas d'un réseau IPv6, via l'option Segment Routing de l'en-tête [6]. Contrairement à MPLS, le segment routing avec IPv6 ne requière pas que tous les nœuds traversés par le paquet soient compatibles avec cette option. Cela permet un déploiement progressif et la traversée de plusieurs types de réseaux. Notons qu'il n'est pas nécessaire d'inscrire l'intégralité du chemin dans la liste. Les règles de routage classique de l'IGP s'appliquent jusqu'au prochain nœud explicitement listé dans l'en-tête. Dans le cas de la figure 5, pour suivre le chemin G,H,I,K,N, il est seulement nécessaire d'ajouter I et B dans la liste. Lorsque le paquet est généré par A, l'adresse de destination est celle de I. Lorsque le paquet atteint I, l'adresse de destination est remplacée par la prochaine dans la liste ; c'est-à-dire B. Le paquet suit le plus court chemin entre I et B ; en l’occurrence I,K,N. Le surcoût induit par la taille de l'extension de l'en-tête est donc limité.


Figure 5 : Exemple d'utilisation du Segment Routing pour l'ingénierie de trafic et la qualité de service.


Le projet de RFC prévoit qu'un segment soit représenté sur 128 bits ; c'est-à-dire autant qu'une adresse IPv6. Le nombre de segments inclus dans l'option SRH peut être déduit du champ Hdr Ext Len qui indique le nombre d'octets de l'option moins un. Le prochain segment à appliquer est indiqué par le champ Segments Left qui indique le nombre de segments restant à appliquer au paquet. Le segment courant est inscrit dans le champ adresse de destination de l'en-tête IPv6. Lorsque le traitement associé à un segment est achevé, le prochain segment à traiter est copié dans le champ adresse de destination et le champ Segments Left est décrementé.


Figure 6 : Extension de routage par la source.

L'extension SRH est très proche de l'en-tête de routage défini dans le RFC 8200 de IPv6. L'en-tête de routage devait notamment permettre le routage à la source (voir la figure 6) qui consiste à lister les routeurs que devaient traverser le paquet au cours de son acheminement. Cette pratique a été dépréciée en 2007 par le RFC 5095 pour des raisons de sécurité. En effet cela permettait de générer de la congestion sur certains chemins, des attaques de déni de service, des contournements des règles de filtrages de certains pare-feux ou encore d'utiliser des machines publiques accessibles (en DMZ) pour accéder à des machines privées. [7].

Pour être acceptée, l'extension SRH doit donc garantir qu'elle ne serait pas vulnérable à ces attaques. Plusieurs cas d'utilisation sont décrits. Lorsque l'extension SRH est générée au sein du réseau de l'opérateur (i.e. routeur de bordure), les attaques listées dans le RFC 5095 sont inopérantes. Les routeurs de bordures doivent simplement filtrer les paquets provenant de l'extérieur pour éviter que des hôtes s'attribuent des privilèges ou provoquent de la congestion sur certains liens. Lorsque les SRH sont générées en dehors du réseau de l'opérateur, le projet de RFC prévoit l'utilisation d'un mécanisme d'authentification de l'en-tête défini par le RFC 2104 (option HMAC). La clé de chiffrement de l'en-tête HMAC est distribuée au sein des nœuds autorisés à générer ou manipuler des extensions d'en-têtes SRH.

Conclusion

Cette activité vous a décrit les différents mécanismes qui enrichissent les fonctions disponibles au niveau de la couche réseau : routage, fragmentation, sécurité, etc. Ces mécanismes tirent parti de la possibilité d'ajouter des champs supplémentaires à l'en-tête IPv6 grâce aux extensions d'en-tête. Ces extensions sont ajoutées par les extrémités de la communication et sont transparentes pour les routeurs (exception faite des extensions de type Hop-by-Hop). De plus, le mécanisme de chainage par le champ Next Header permet d'ajouter des extensions de manière souple.

L'usage des extensions est encore assez limité sur l'Internet. Certaines fonctionnalités ont été dépréciées (comme l'extension de routage RH0) et d'autres peinent à se développer (comme la mobilité IPv6). La présence potentielle de ces extensions doit être cependant prise en compte dans le traitement des paquets, notamment le filtrage sur les valeurs du champ Next Header de l'en-tête IPv6.

Références bibliographiques

  1. Cisco (2006) White paper.IPv6 Extension Headers Review and Considerations
  2. Code d'authentification de message, Article Wikipedia
  3. G. Cizault. livre "IPv6, Théorie et Pratique". Chapitre sur la Sécurité
  4. Packet Pushers, novembre 2016.Deep dive in the RSVP-TE protocol
  5. Cisco, SR Traffic Engineering
  6. Previdi & al. IPv6 Segment Routing Header (SRH) (Draft)
  7. P. Biondi et A. Ebalard, CanSecWest, 2017 .IPv6 Routing Header Security

Pour aller plus loin

Vous pouvez approfondir vos connaissances en consultant les documents de ce paragraphe.

RFC et leur analyse par S. Bortzmeyer :

  • RFC 4302 : IP Authentication Header
  • RFC 4303 : IP Encapsulating Security Payload (ESP)
  • RFC 5095 : Deprecation of Type 0 Routing Headers in IPv6 Specification Analyse
  • RFC 7045 : Transmission and Processing of IPv6 Extension Headers Analyse
  • RFC 7872 : Observations on the Dropping of Packets with IPv6 Extension Headers in the Real World Analyse
  • RFC 8200 : Internet Protocol, Version 6 (IPv6) Specification Analyse
  • RFC 8201 : Path MTU Discovery for IP version 6 Analyse
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