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(La découverte des préfixes de traduction)
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Les mécanismes de traduction NAT64 ( avec état RFC 6146 ou sans état RFC 7915,présentés de manière détaillées dans l'activité 44 de la séquence 4) figurent parmi les mécanismes permettant d'assurer la transparence de communication entre des machines uniquement IPv6 et les machines héritées (''legacy'') localisées sur des infrastructures uniquement IPv4. Ces mécanismes NAT64 font usage d'un préfixe dédié (WKP Well Known préfix) ou spécifique (NSP Network Specific Prefix) qui est utilisé pour synthétiser l'espace d'adressage IPv4 dans l'espace d'adressage IPv6. Les adresses de ces préfixes dédié ou spécifique sont routés par l'infrastructure vers les routeurs NAT64 qui assureront la traduction bidirectionnelle des paquets IPv6 en paquets IPv4. La synthèse de l'espace d'adressage IPv4 en adresses IPv6 est généralement assurée de manière automatique et transparente en associant un service DNS auxiliaire DN64 aux routeurs NAT64 (cf activité 44).
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Les mécanismes de traduction NAT64 ( avec état RFC 6146 ou sans état RFC 7915, présentés de manière détaillées dans l'activité 44 de la séquence 4) figurent parmi les mécanismes permettant d'assurer la transparence de communication entre des machines uniquement IPv6 et les machines héritées (''legacy'') localisées sur des infrastructures uniquement IPv4. Ces mécanismes NAT64 font usage d'un préfixe dédié (WKP Well Known préfix) ou spécifique (NSP Network Specific Prefix) qui est utilisé pour synthétiser l'espace d'adressage IPv4 dans l'espace d'adressage IPv6. Les adresses de ces préfixes dédié ou spécifique sont routés par l'infrastructure vers les routeurs NAT64 qui assureront la traduction bidirectionnelle des paquets IPv6 en paquets IPv4. La synthèse de l'espace d'adressage IPv4 en adresses IPv6 est généralement assurée de manière automatique et transparente en associant un service DNS auxiliaire DN64 aux routeurs NAT64 (cf activité 44).
 
En l'absence de DNS64, ou par choix de l'administrateur, un équipement IPv6 peut également synthétiser les adresses IPv4 en adresses IPv6 en préfixant les premières à l'aide du préfixe dédié ou du préfixe spécifique. Ceux ci peuvent être découverts de manière automatique selon une des deux méthodes suivantes :  
 
En l'absence de DNS64, ou par choix de l'administrateur, un équipement IPv6 peut également synthétiser les adresses IPv4 en adresses IPv6 en préfixant les premières à l'aide du préfixe dédié ou du préfixe spécifique. Ceux ci peuvent être découverts de manière automatique selon une des deux méthodes suivantes :  
 
* déduction heuristique selon l'algorithme décrit dans le RFC 7050 (Discovery of the IPv6 Prefix Used for IPv6 Address Synthesis);
 
* déduction heuristique selon l'algorithme décrit dans le RFC 7050 (Discovery of the IPv6 Prefix Used for IPv6 Address Synthesis);

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Activité 32: Configurer automatiquement les paramètres réseau

Vous suivez une activité de découverteGrad cap.png

Principe de l'auto-configuration

La précédente activité a présenté le mécanisme de découverte des voisins afin qu'un nœud connecté à un lien puisse récupérer automatiquement les adresses des autres nœuds du même lien. C'est la même philosophie qui est mise en œuvre dans la configuration automatique (ou auto-configuration) des paramètres d'une interface réseau. L'objectif de ce mécanisme est de réduire au maximum l'intervention humaine dans ce processus pour :

  • que l'utilisateur possède une connectivité opérationnelle dès le branchement de l'interface réseau de son terminal ;
  • que l'administrateur puisse centraliser la configuration sur un seul équipement. C'est ce dernier qui se chargera de propager la configuration aux hôtes.

Route par défaut

La route par défaut agrège l'ensemble des adresses qui ne sont pas sur le réseau local. Elle dirige le trafic vers le routeur qui a la connectivité Internet. Dans un réseau de distribution qui connecte des utilisateurs, cette route commence par le routeur connecté sur le même lien que l'hôte. Dans un réseau routier, la route par défaut correspond au panneau "Toutes Directions".

L'auto-configuration vise à fournir les informations pour que l'interface de communication au réseau d'un hôte soit opérationnelle. Il s'agit au minimum des éléments suivants :

  • les informations pour déterminer l'adresse IP, ou les informations indiquant la méthode pour l'obtenir ;
  • la longueur du préfixe IP du réseau ;
  • l'adresse du routeur local à utiliser pour la route par défaut ;
  • le serveur de noms à utiliser.

L'administrateur renseigne les informations communes pour un lien sur un nœud. Les hôtes récupèrent ces informations pour déterminer la configuration spécifique qui sera appliquée à leur interface réseau. La connexion au réseau et, dans la plupart des cas, à l'Internet, sera alors effective. L'hôte sera alors en mesure de recevoir et d'émettre des paquets IP.

L'auto-configuration est un mécanisme prévu pour les hôtes. Les nœuds intermédiaires dans l'infrastructure, comme les routeurs, étant des équipements "gérés", ils ne sont pas censés utiliser ce mécanisme. Leur configuration est à la charge de l'administrateur.

Mécanismes mis en œuvre

Avec ou sans état

Le terme 'sans état' désigne une méthode ne nécessitant pas un serveur comme DHCPv6. Par opposition, lorsqu'un serveur dirige la configuration, la méthode est qualifiée de 'avec état'. Dans la méthode 'sans état', un hôte commence directement la procédure sans avoir recours aux informations d'un serveur comme c'est le cas avec DHCP.

L'auto-configuration se déroule en plusieurs étapes mettant en œuvre différents mécanismes :

  • la toute première étape consiste à créer l'adresse "lien-local". Une fois l'unicité de cette adresse vérifiée, le nouveau nœud est en mesure de communiquer avec les autres nœuds du lien (ses voisins) ;
  • le nouveau nœud doit ensuite acquérir les informations communes au lien, ainsi que la politique de configuration de l'adresse IP. Ces informations sont transmises par le routeur. S'il y a un routeur sur le lien, la machine doit appliquer la méthode indiquée par le message d'annonce de routeurs, à savoir :
    • l'auto-configuration "sans état" (IPv6 Stateless Address Autoconfiguration (SLAAC)) [RFC 4862],
    • ou l'auto-configuration "avec état" (par DHCPv6) [RFC 3315] ;
  • les informations transmises par le routeur permettent de plus, au nœud, de configurer sa table de routage.
  • enfin, toujours en fonction de la politique de configuration, le nœud va récupérer d'autres informations nécessaires à la configuration dont, notamment, le serveur de noms.

En l'absence de routeur sur le lien, le nœud doit essayer d'acquérir l'adresse unicast globale par la méthode d'auto-configuration "avec état". Si la tentative échoue, c'est terminé. Les communications se feront uniquement sur le lien avec l'adresse "lien-local". Le nœud n'a pas d'adresse avec une portée qui l'autorise à communiquer avec des nœuds autres que ceux de son lien d'attachement.

La création de l'adresse "lien-local"

À l'initialisation de son interface, le nouveau nœud construit un identifiant pour l'interface, qui doit être unique sur le lien. Cet identifiant utilise l'adresse EUI-64. Le principe de base de la création d'adresse unicast IPv6, tel que vu dans la première séquence, est de compléter un préfixe réseau avec l'identifiant. L'adresse "lien-local" est donc créée en prenant le préfixe "lien-local" (fe80::/64) standardisé pour cet usage.

L'adresse ainsi constituée est encore interdite d'usage. Elle possède un état provisoire (tentative) car le nœud doit vérifier l'unicité de cette adresse sur le lien au moyen de la procédure de détection d'adresse dupliquée (DAD), présentée dans l'activité précédente. Si le nœud détermine que l'adresse "lien-local" n'est pas unique, l'auto-configuration s'arrête et une intervention manuelle est nécessaire.

Une fois que l'assurance sur l'unicité de l'adresse "lien-local" est obtenue, l'adresse provisoire devient une adresse valide pour l'interface. L'adresse est allouée à l'interface. La première étape de l'auto-configuration est achevée.

Découverte des paramètres communs au réseau

L'objectif du nœud qui configure son interface de communication est maintenant d'allouer une adresse IP routable. C'est avec cette adresse qu'il pourra effectuer des communications "inter-liens". La seconde étape de l'auto-configuration consiste à récupérer les informations communes au lien d'attachement de l'hôte en phase d'auto-configuration. Ces informations sont fixées par l'administrateur et localisées sur le ou les routeurs du lien. Le ou les routeurs se chargeront de propager les informations communes aux systèmes d'extrémité. A noter que les routeurs ne rentrent pas dans le périmètre de l'auto-configuration car ils restent sous la responsabilité de l'administrateur qui aura en charge de les configurer.

Dans cette étape d'auto-configuration, l'hôte vise à obtenir du routeur local les instructions et les informations pour continuer le processus de configuration. Ceci est fait, soit en écoutant les messages d'annonce (RA) émis périodiquement par le routeur, soit en envoyant une requête (RS) au routeur. Ces échanges sont réalisés au moyen de messages ICMPv6 :

  • sollicitation d'un routeur, noté RS (Router Solicitation) (voir la figure 1). Ce message ICMPv6 est identifié par le champ type de valeur 133 ;
  • annonce de routeur, noté RA (Router Advertisement) (voir la figure 2). Le message ICMPv6 d'annonce de routeur est identifié par le champ type de valeur 134.
Figure 1 : Format du message de sollicitation d'un routeur.

La sollicitation d'un routeur forme une requête émise par le nœud. Le message RS est envoyé à destination de l'adresse IPv6 de multicast réservée aux routeurs sur le même lien ff02::2. Le champ option contient normalement l'adresse physique du nœud demandeur.

Un routeur émet périodiquement le message RA, ou il l'émet en réponse à un message de sollicitation (RS) d'un nœud. Le champ adresse source dans le paquet IPv6 contient l'adresse locale au lien du routeur. La destination du message RA est soit le nœud qui a émis la sollicitation, soit le groupe multicast de tous les nœuds du lien identifié par l'adresse ff02::1. Le message RA est primordial dans le fonctionnement d'un réseau IPv6, car en plus de délivrer les informations nécessaires à l'auto-configuration, il notifie régulièrement auprès des nœuds la présence du ou des routeurs afin de confirmer la connectivité "inter-lien".

Nota : ces messages peuvent être la source de nombreux problèmes lorsqu'il sont envoyés par des équipements configurés par défaut avec maladresse ou intentionnellement avec de mauvaises informations (tentative de détournement de trafic par des routeurs usurpateurs par exemple) comme le note le RFC 6104. Lors de tentatives d'usurpation, ces messages sont même qualifiés de RAcailles[1].

Figure 2 : Format du message d'annonce de routeur.

Le message RA contient un ensemble d'informations propres au routeur et à la politique de configuration du réseau. Parmi les informations propres au routeur, nous avons les champs suivants :

  • durée de vie du routeur : il donne, en secondes, la période pendant laquelle le routeur exercera les fonctions de routeur par défaut ;
  • durée d'accessibilité : ce champ indique la durée, en millisecondes, pendant laquelle une information de ce message contenue dans le cache d'un nœud peut être considérée comme valide ; par exemple, la durée de validité d'une entrée dans la table de correspondance entre adresse IPv6 et adresse physique. Au bout de cette période, la procédure de découverte de non-joignabilité (NUD) est entreprise pour vérifier la pertinence de l'information ;
  • temporisation de retransmission : ce champ donne, en millisecondes, la période entre deux émissions non sollicitées du message RA. Il sert aux autres nœuds à détecter une inaccessibilité du routeur.

Communiquée au nœud qui se configure, la politique de configuration indique les mécanismes d'auto-configuration à utiliser. Cette politique est définie par deux bits du message d'annonce de routeur :

  • le bit M (Managed address configuration) mis à 1, indique que le nœud doit explicitement demander son adresse auprès d'un serveur d'adresses et donc, utiliser la configuration "avec état" de l'adresse IP. Si ce bit est à 0, alors le mécanisme de configuration "sans état" doit être utilisé pour construire une adresse IPv6 ;
  • le bit O (Other stateful configuration) mis à 1, indique que le nœud doit interroger le serveur de configuration pour obtenir des paramètres autres que l'adresse. Si ce bit est à 0, les paramètres de configuration sont inclus dans le message d'annonce de routeur au moyen d'options spécifiques.

L'auto-configuration "sans état" pour une adresse IP routable

Le principe de base de l'auto-configuration "sans état" de l'adresse IP est qu'un nœud génère son adresse IPv6 à partir d'informations locales (son identifiant d'interface) et de préfixes éventuellement reçus du routeur. Le routeur communique au nœud les informations sur le préfixe utilisé sur son lien au moyen d'une option incluse dans le message ICMPv6 d'annonce de routeur [RFC 4861]. Cette option est présentée par la figure 3.

Figure 3 : Format de l'option d'information sur le préfixe.

L'option information sur le préfixe est composée par les champs suivants :

  • type, de valeur 3, identifie cette option ;
  • longueur indique le nombre de mots de 64 bits de l'option. Dans le cas de cette option d'information, la longueur vaut 4 ;
  • lg.préfixe indique combien de bits sont significatifs pour le préfixe annoncé ;
  • le bit L (On link) signifie, quand il est à 1, que le préfixe indique que les autres nœuds partageant le même préfixe sont sur le même lien. L'émetteur peut donc directement les joindre. Dans le cas contraire, le nœud émet le paquet vers le routeur. Si ce dernier sait que l'émetteur peut joindre directement le destinataire, il notifiera l'émetteur par un message ICMPv6 d'indication de redirection ;
  • le bit A (Autonomous address-configuration) indique, quand il est à 1, que le préfixe annoncé peut être utilisé pour construire l'adresse IP du nœud ;
  • durée de validité indique, en secondes, la durée pendant laquelle le préfixe est valide ;
  • durée préférable indique la durée de préférence, en secondes, pour une adresse construite avec l'auto-configuration "sans état". Pour ce champ et celui de durée de validité, une valeur de 0xffff ffff représente une durée infinie ;
  • réservé est là uniquement pour aligner le préfixe (le champ suivant) sur une frontière de mot de 64 bits ;
  • préfixe contient la valeur de préfixe annoncé sur le lien. Pour maintenir un alignement sur 64 bits pour le reste des données du paquet, ce champ a une longueur fixe de 128 bits.

Interprétation du bit L

L'interprétation du bit L à 0 (signifiant implicitement "off-link") a fait l'objet de précisions complémentaires aux définitions originales du RFC 4861 (Neighbor Discovery in IPv6 ). Notamment dans le RFC 4943 (IPv6 Neighbor Discovery On-Link Assumption Considered Harmful) de 2007 puis dans le RFC 5942 (IPv6 Subnet Model : The Relationship between Links and Subnet Prefixes) de 2010. Il s'agissait de clarifier le comportement du nœud pour la procédure de découverte du voisinage dans des situations particulières, notamment lorsque la liste des routeurs par défaut est vide.

Sur les réseaux locaux s'appuyant sur des protocoles de niveau 2 en mode diffusion (cas des réseaux Ethernet), le bit L est généralement à 1 (on-link). Par contre, sur les réseaux mobiles ou pour les protocoles d'itinérance tel que MIPv6 (RFC 6275) la situation de localisation d'un nœud, relativement au lien, peut varier en fonction de son état d'itinérance (cas des téléphones mobiles changeant de cellule par exemple) et nécessiter l'usage d'un intermédiaire (un routeur ou un proxy PMIPv6 RFC 5213, RFC 6543 et RFC 7864), pour la découverte du voisinage. L'état "off-link" d'une adresse est alors significatif.

Au passage, la précaution de forcer le champ "Hop-limit" à la valeur maximale à 255 pour les paquets de découverte de voisins, protège des nœuds hors lien qui émettraient accidentellement, ou par malice, des messages ND.

L'introduction, dans les infrastructures de type "cloud" de nouveaux protocoles, tels que VXLAN, qui permettent d'étendre les domaines de diffusion sur plusieurs centres de données (data centers) distants ajoutent de nouvelles situations où le mode hors lien peut être significatif.

Comme pour la création de l'adresse "lien-local", l'adresse IP unicast routable est obtenue en concaténant le préfixe avec l'identifiant de l'interface. L"adresse IP unicast routable est une adresse utilisable pour des communications non limitées au lien d'attachement du nœud. Une adresse routable est soit une adresse de type ULA soit une adresse tirée du plan d'adressage global (GUA). Le préfixe de l'adresse routable provient ici du message d'annonce de routeurs, et plus précisément de l'option « information sur le préfixe ». Pour construire son adresse, le nœud est ensuite libre de choisir l'identifiant d'interface créé à partir de l'adresse MAC [RFC 4291] ou généré selon un autre principe, comme le tirage aléatoire [RFC 4941]. Profitant de la souplesse offerte par IPv6, le nœud peut de plus créer autant d'adresses qu'il souhaite.

Les valeurs de durée préférable et de durée de validité contrôlent le cycle de vie des adresses créées. Une fois la durée préférable écoulée, l'adresse concernée passera de l'état préféré à l'état déprécié comme le montre la figure 4. Le temps écoulé se mesure à partir de la réception du message d'annonce d'un routeur. Et, lorsque le temps, indiqué par la durée de validité, sera écoulé, l'adresse passera à l'état invalide. Des messages d'annonces avec des valeurs spécifiques peuvent permettre, par exemple, de contrôler l'utilisation par les nœuds d'adresses construites à partir de certains préfixes. Les champs de durée peuvent servir dans la renumérotation lors du passage d'un fournisseur d'accès à un autre ; c'est-à-dire d'un préfixe à un autre.


Figure 4 : Durée associée aux états d'une adresse auto-configurée.

L'auto-configuration "avec état" de l'adresse IP routable

Cette méthode de configuration d'adresse, qui sera présentée dans l'activité suivante, repose sur la présence d'un serveur d'adresses contenant une base d'adresses IP disponibles sur le réseau. Le nœud va solliciter le serveur en utilisant le protocole DHCPv6.

Un nœud recevant un message d'annonce de routeur est donc supposé initier un dialogue avec un serveur DHCPv6 si ce message présente le bit M avec pour valeur 1 (voir la figure 2). Mais ce comportement, tel que prévu dans les standards, n'est pas entièrement mis en œuvre dans les systèmes d'exploitation actuels, et il est très souvent nécessaire d'expliciter l'usage de DHCPv6 au nœud, alors que cette information est fournie par le réseau.

La configuration de la table de routage

En IPv6, seuls les routeurs utilisent des protocoles de routage pour remplir leur table de routage. Le routage des autres nœuds repose sur la notion de route directe (ou locale) et de route par défaut.

La route locale, c'est-à-dire la route vers les adresses du même lien, est définie à partir des informations présentes dans l'option concernant le préfixe réseau. En partant du champ préfixe et de sa longueur, le nœud peut déterminer les bits communs aux adresses IP connectées au même lien. L'acheminement des paquets à destination de ces adresses ne nécessitera pas de routeur. Le nœud destinataire est localisé sur le même lien. Le nœud émetteur effectue alors une remise directe en utilisant l'adresse de niveau liaison (par exemple adresse Ethernet) découverte par la résolution d'adresse.

La route par défaut passe à travers le routeur local du lien. Elle est configurée grâce à l'adresse "lien-local" contenue dans le champ source du paquet IPv6 contenant le message ICMPv6 RA. L'adresse physique du routeur est de plus contenue dans une des options du message. L'émetteur d'un paquet vers un nœud à l'extérieur du lien utilisera donc cette adresse comme premier saut pour l'acheminement du paquet.

Cependant, lorsqu'il y a plusieurs routeurs et donc plusieurs routes possibles sur un lien, le message d'annonce de routeur peut contenir l'option d'information de route [RFC 4191]. Ce message va pouvoir indiquer la ou les routes desservies par le routeur.

La découverte des serveurs DNS

L'auto-configuration IPv6 "sans état", telle que spécifiée dans le RFC 4862, n'a pas prévu de mécanisme de découverte automatique des serveurs DNS. En revanche, il était prévu que ces informations complémentaires soient fournies par l'auto-configuration "avec état". Les spécifications du protocole d'auto-configuration "avec état" par DHCPv6 ont pris du temps (six ans environ) pour être publiées dans le RFC 3315. En l'absence d'information de configuration sur les serveurs DNS locaux, un hôte n'est pas capable de résoudre des noms de domaines en adresses IPv6. Pour ne pas freiner le déploiement d'IPv6, trois propositions ont émergé de l'IETF pour mettre en oeuvre un mécanisme de découverte automatique du DNS. Ces propositions ont été produites par le groupe de travail DHC (Dynamic Host Configuration) et DNSOP (Domain Name System OPerations). Les co-auteurs des trois propositions ont conjointement rédigé un document synthétique [RFC 4339] décrivant, pour chaque technique, le fonctionnement ainsi que les scénarios d'utilisation. Ce document donne également des recommandations pratiques quant à la solution ou à la combinaison de solutions à adopter en fonction de l'environnement technique dans lequel se trouvent les équipements à configurer.
Une des propositions s'appuie sur des adresses anycast bien connues (Well-known anycast addresses). L'idée est que les demandes au service DNS seraient émises par les clients vers une adresse anycast. Le réseau routerait alors la requête jusqu'au serveur DNS le plus proche. Cette proposition semble avoir été abandonnée et n'a pas été reprise ailleurs.

La première proposition mise en œuvre repose sur le protocole DHCP et l'option DHCPv6 DNS Recursive Name Server spécifiée dans le RFC 3646. Un serveur DHCPv6 dit "sans état" [RFC 3736] n'alloue pas d'adresses IPv6 mais informe simplement les clients des différents paramètres à utiliser : serveur DNS, serveur NTP, serveur d'impression... Depuis, le protocole DHCPv6 pour serveur "avec état" a été développé [RFC 3315]. En plus des informations de configuration, il alloue les adresses IPv6. Nous verrons son fonctionnement dans la prochaine activité de ce cours.

La seconde proposition, appelée ND RDNSS (Neighbor Discovery Recursive DNS Server), a été développée sur la base des messages ICMPv6 d'annonce de routeur [RFC 8106]. ND RDNSS consiste à ajouter à l'annonce du routeur une option pour l'information du DNS.

La disponibilité des mécanismes DHCPv6 et ND RDNSS dépend des systèmes d'exploitation[2].

La découverte des préfixes de traduction

Les mécanismes de traduction NAT64 ( avec état RFC 6146 ou sans état RFC 7915, présentés de manière détaillées dans l'activité 44 de la séquence 4) figurent parmi les mécanismes permettant d'assurer la transparence de communication entre des machines uniquement IPv6 et les machines héritées (legacy) localisées sur des infrastructures uniquement IPv4. Ces mécanismes NAT64 font usage d'un préfixe dédié (WKP Well Known préfix) ou spécifique (NSP Network Specific Prefix) qui est utilisé pour synthétiser l'espace d'adressage IPv4 dans l'espace d'adressage IPv6. Les adresses de ces préfixes dédié ou spécifique sont routés par l'infrastructure vers les routeurs NAT64 qui assureront la traduction bidirectionnelle des paquets IPv6 en paquets IPv4. La synthèse de l'espace d'adressage IPv4 en adresses IPv6 est généralement assurée de manière automatique et transparente en associant un service DNS auxiliaire DN64 aux routeurs NAT64 (cf activité 44). En l'absence de DNS64, ou par choix de l'administrateur, un équipement IPv6 peut également synthétiser les adresses IPv4 en adresses IPv6 en préfixant les premières à l'aide du préfixe dédié ou du préfixe spécifique. Ceux ci peuvent être découverts de manière automatique selon une des deux méthodes suivantes :

  • déduction heuristique selon l'algorithme décrit dans le RFC 7050 (Discovery of the IPv6 Prefix Used for IPv6 Address Synthesis);
  • déduites des annonces de routeurs RA (Router Advertisment) si celles contiennent l'option PREF64 définies dans le RFC 8781 (Discovering PREF64 in Router Advertisements).

Exemple de configuration automatique

Par un exemple, nous allons illustrer les différentes étapes de l'auto-configuration et les messages échangés entre le nœud et le routeur du lien comme montré par la figure 5.

Figure 5 : Configuration de l'exemple.

Préalablement à l'attachement du nœud au lien, le routeur local est configuré avec le préfixe IPv6 à utiliser sur ce lien. Le nœud, à l'activation de son interface de communication au réseau, crée une adresse "lien-local" provisoire à partir de l'adresse matérielle de son interface. Afin de vérifier si cette adresse est unique, le nœud débute la procédure de détection d'adresse dupliquée (DAD) (voir la figure 6).

Création d'un identifiant d'interface

La méthode de création à partir de l'adresse physique MAC est expliquée dans l'activité "Utilisation des adresses sur une interface réseau" de la séquence 1. En résumé, cela consiste à inverser la valeur du 7e bit de l'octet de poids fort de l'adresse physique et d'ajouter au milieu de l'adresse MAC, soit après le 3e octet, la valeur OxFFFE.

Figure 6 : Procédure DAD.

Comme décrit dans l'activité précédente, la station émet un message de sollicitation d'un voisin (NS) à l'adresse "multicast sollicitée" associée à son adresse provisoire. L'adresse de source du message est indéterminée car l'état de l'adresse provisoire ne permet pas de l'utiliser pour les communications. L'adresse dont l'unicité est vérifiée est placée dans le champ cible. La capture ci-dessous montre le message ICMPv6 NS émis.

Ethernet Src : 8:0:20:a:aa:6d Dst : 33:33:ff:a:aa:6d Type : 0x86dd
IPv6
 Version : 6 Priorité : 0xf0 Label: 000000
 Longueur : 24 octets (0x0018) Protocole : 58 (0x3a, ICMPv6)
 Nombre de sauts : 255 (0x0ff)
 Source : ::
 Desti. : ff02::1:ff0a:aa6d (multicast sollicité associé à l'adresse cible)
ICMPv6
 Type : 135 (0x87, Sollicitation d'un voisin) Code : 0 Checksum : 0xfe37
 cible : fe80::0a00:20ff:fe0a:aa6d (lien-local)

0000: 6f 00 00 00 00 18 3a ff 00 00 00 00 00 00 00 00
0010: 00 00 00 00 00 00 00 00 ff 02 00 00 00 00 00 00
0020: 00 00 00 01 ff 0a aa 6d|87 00 fe 37 00 00 00 00
0030: fe 80 00 00 00 00 00 00 0a 00 20 ff fe 0a aa 6d

Si une réponse est reçue sous forme d'un message d'annonce d'un voisin, le mécanisme d'auto-configuration échoue et une intervention humaine est nécessaire. Si aucune réponse n'est reçue à ce message dans les 2 secondes suivant sa diffusion, la station considère son adresse "lien-local" comme unique. L'adresse perd son état provisoire et devient valide.

Cette première étape terminée, la station possède donc une adresse "lien-local" pour communiquer avec les nœuds présents sur le même lien (ses voisins). Elle va chercher maintenant à obtenir les informations de configuration afin de pouvoir communiquer avec des nœuds en dehors du réseau. La station émet pour cela un message ICMPv6 RS à destination de tous les routeurs du lien en utilisant l'adresse multicast correspondante : ff02::2 comme indiqué par la figure 7.

Figure 7 : Demande du préfixe IPv6 pour une adresse IPv6 non local.

Le message ainsi émis est présenté ci-dessous sous sa forme capturée :

Ethernet Src : 8:0:20:a:aa:6d Dst : 33:33:0:0:0:2 Type : 0x86dd
IPv6
 Version : 6 Priorité : 0xf0 Label: 000000
 Longueur : 16 octets (0x0010) Protocole : 58 (0x3a, ICMPv6)
 Nombre de sauts : 255 (0x0ff)
 Source : fe80::a00:20ff:fe0a:aa6d (lien-local)
 Desti. : ff02::2 (multicast, tous les routeurs du lien)
ICMPv6
 Type : 133 (0x85, Sollicitation du routeur) Code : 0 Checksum : 0xd63e
 Option :
  Type : 1 (Adresse physique source) Lg : 8 octets (0x01) : 08-00-20-0a-aa-6d

0000: 6f 00 00 00 00 10 3a ff fe 80 00 00 00 00 00 00
0010: 0a 00 20 ff fe 0a aa 6d ff 02 00 00 00 00 00 00
0020: 00 00 00 00 00 00 00 02|85 00 d6 3e 00 00 00 00|
0030: 01 01 08 00 20 0a aa 6d

Si un routeur est présent, un message ICMPv6 RA est reçu par la station se configurant. Elle y trouve les instructions d'auto-configuration par les bits M et O, ainsi que les informations sur le ou les préfixes du lien. La figure 8 montre la réception du message d'annonce du routeur.

Figure 8 : Réception d'un message RA.

Le message "Annonce de routeur" est émis vers le groupe de tous les nœuds IPv6 du lien. Le drapeau A étant positionné, le préfixe annoncé peut alors servir à la construction d'une adresse IPv6 routable. La durée de validité de cette adresse n'est pas limitée. La station se construit donc l'adresse 2001:db8:12:3:a00:20ff:fe0a:aa6d à partir du préfixe et de l'identifiant d'interface.

Ethernet Src : 1a:0:20:c:7a:34 Dst : 33:33:0:0:0:1 Type : 0x86dd
IPv6
 Version : 6 Priorité : 0xf0 Label: 000000
 Longueur : 56 octets (0x0038) Protocole : 58 (0x3a, ICMPv6)
 Nombre de sauts : 255 (0x0ff)
 Source : fe80::1800:20ff:fe0c:7a34 (routeur, lien-local)
 Desti. : ff02::1 (multicast, tous les nœuds du lien)
ICMPv6
 Type : 134 (0x86, Annonce de routeurs) Code : 0 Checksum : 0x773c
 Nombre de sauts : 0 (non précisé) Gestion d'adresse : 0 (Pas de DHCP)
 Validité : 6000 secondes (0x1770) Timers : 0, 0 (non précisés)
 Options :
  Type : 1 (Adresse physique source) Lg : 8 octets (0x01) : 1a-00-20-0c-7a-34
  Type : 3 (Information sur le préfixe) Lg : 32 octets (0x04)
  Drapeaux : L=1, A=1 
  Durée de validité : -1 (infinie)
  Durée préférable  : -1 (infinie)
  Préfixe : 2001:db8:12:3::/64
 
0000: 6f 00 00 00 00 38 3a ff fe 80 00 00 00 00 00 00
0010: 18 00 20 ff fe 0c 7a 34 ff 02 00 00 00 00 00 00
0020: 00 00 00 00 00 00 00 01|86 00 77 3c 00 00 17 70
0030: 00 00 00 00 00 00 00 00|01 01 1a 00 20 0c 7a 34|
0040: 03 04 40 c0 ff ff ff ff ff ff ff ff 00 00 00 00
0050: 20 01 0d b8 00 12 00 03 00 00 00 00 00 00 00 00


De la même façon que l'unicité de l'adresse "lien-local" a été vérifiée, la station utilise le mécanisme DAD pour vérifier l'unicité de l'adresse "unicast globale" construite à partir du préfixe communiqué. Cette procédure est schématisée par la figure 9.

Figure 9 : Détection d'adresse dupliquée.

Une fois l'unicité de cette adresse vérifiée, la station configure dans sa table de routage l'adresse "lien-local" du routeur comme routeur par défaut. La configuration de l'interface réseau de la station et les messages échangés à l'issue de la phase d'auto-configuration sont indiqués par la figure 10. La station est désormais capable de communiquer avec des nœuds situés au-delà de son lien routeur. D'autres informations, comme notamment le DNS à utiliser, peuvent être communiquées dans le message d'annonce de routeur.

Figure 10 : Les adresses allouées.

Conclusion

L'auto-configuration "sans état" des paramètres réseau IPv6 permet une connectivité fonctionnelle de l'interface réseau d'un hôte dès son branchement. Ce mécanisme ne nécessite aucune intervention humaine et l'automatisation évite certaines erreurs humaines dans la configuration. Les paramètres de configuration sont centralisés sur le routeur du réseau qui devient l'équipement indispensable à la configuration d'un réseau IPv6. Les stations sont ensuite autonomes pour récupérer ces paramètres et décider de leur adresse IPv6 afin de se configurer.

L'auto-configuration "sans état" a d'autres avantages par rapport à des méthodes manuelles ou reposant sur un serveur, en particulier dans le cas des équipements mobiles qui se déplacent de réseau en réseau. Ceux-ci peuvent récupérer une adresse valide sans avoir à connaitre préalablement les informations du réseau visité. Le routeur sur le réseau visité va indiquer les instructions pour l'auto-configuration. La renumérotation d'un réseau et de ses nœuds peut être facilité par la configuration automatique.

Cependant, la configuration automatique n'est pas adaptée à tous les cas. En effet, pour certaines stations, l'administrateur voudra plus finement maitriser leurs adresses, comme par exemple pour les serveurs. Le mécanisme DHCPv6, décrit dans l'activité suivante, peut être utilisé à cette fin.

Références bibliographiques

  1. Bortzmeyer, S. (2013). Article. Rogue IPv6 Router Advertisement Problem Statement
  2. APNIC. Comparison of IPv6 support in operating systems

Pour aller plus loin

RFC et leur analyse par S. Bortzmeyer :

  • RFC 3315 Dynamic Host Configuration Protocol for IPv6 (DHCPv6)
  • RFC 3646 DNS Configuration options for Dynamic Host Configuration Protocol for IPv6 (DHCPv6) Analyse
  • RFC 3736 Stateless Dynamic Host Configuration Protocol (DHCP) Service for IPv6
  • RFC 4191 Default Router Preferences and More-Specific Routes
  • RFC 4291 IP Version 6 Addressing Architecture Analyse
  • RFC 4339 IPv6 Host Configuration of DNS Server Information Approaches
  • RFC 4861 Neighbor Discovery for IP version 6 (IPv6) Analyse
  • RFC 4862 IPv6 Stateless Address Autoconfiguration Analyse
  • RFC 4941 Privacy Extensions for Stateless Address Autoconfiguration in IPv6 Analyse
  • RFC 4943 IPv6 Neighbor Discovery On-Link Assumption Considered Harmful
  • RFC 5942 Pv6 Subnet Model : The Relationship between Links and Subnet Prefixes
  • RFC 6104 Rogue IPv6 Router Advertisement Problem Statement Analyse
  • RFC 6275 Mobility Support in IPv6
  • RFC 7050 Discovery of the IPv6 Prefix Used for IPv6 Address Synthesis Analyse
  • RFC 8106 IPv6 Router Advertisement Options for DNS Configuration Analyse
  • RFC 8781 Discovering PREF64 in Router Advertisements Analyse
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