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From Livre IPv6

(Justification des extentions)
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Revision as of 12:01, 20 September 2009

Hormis la modification de la taille des adresses, ce qui conduit à une taille d'en-tête de 40 octets (le double de l'en-tête IPv4 sans les options), le protocole IP a subi un toilettage reprenant l'expérience acquise au fil des ans avec IPv4. Le format des en-têtes IPv6 est simplifié et permet aux routeurs de meilleures performances dans leurs traitements :

  • L'en-tête ne contient plus le champ checksum, qui devait être ajusté par chaque routeur en raison de la décrémentation du champ durée de vie. Par contre, pour éviter qu'un paquet dont le contenu est erroné -- en particulier sur l'adresse de destination -- ne se glisse dans une autre communication, tous les protocoles de niveau supérieur doivent mettre en œuvre un mécanisme de checksum de bout en bout incluant un pseudo-en-tête qui prend en compte les adresses source et destination. Le checksum d'UDP, facultatif pour IPv4, devient ainsi obligatoire. Pour ICMPv6, le checksum intègre le pseudo-en-tête, alors que pour ICMPv4, il ne portait que sur le message ICMP.
  • La taille des en-têtes est fixe. Le routeur peut facilement déterminer où commence la zone de données utiles.
  • Les options ont été retirées de l'en-tête et remplacées par de nouveaux en-têtes appelés extensions qui peuvent être facilement ignorées par les routeurs intermédiaires.
  • Les champs sont alignés sur des mots de 64 bits, ce qui optimise leur traitement, surtout avec les nouvelles architectures à 64 bits.
  • La taille minimale des MTU : Maximum Transmission Unit est de 1 280 octets. Le choix de 1 280 comme MTU minimal en IPv6 permet le tunnelage de paquets IPv6. En effet, la taille de 1 500 octets est généralement admise car elle correspond à la valeur imposée par Ethernet. La majorité des autres réseaux offrent une taille supérieure. La valeur de 576 octets retenue pour IPv4 permettait de prendre en compte des réseaux comme Appletalk. Pour ces réseaux, une couche d'adaptation (comme avec les couches d'adaptation AAL d'ATM) devra être mise en oeuvre pour pouvoir transporter les paquets IPv6.
  • La fonction de fragmentation a été retirée des routeurs. Les champs qui s'y reportent (identification, drapeau, place du fragment) ont été supprimés. Normalement les algorithmes de découverte du PMTU(Path MTU) évitent d'avoir recours à la fragmentation. Si celle-ci s'avère nécessaire, une extension est prévue (voir Fragmentation).

Le format d'en-tête d'un paquet IPv6 est donné par le RFC 2460 (cf. Format d'un datagramme IPv6).

Format d'un datagramme IPv6
Figure : Format d'un datagramme IPv6

Version 
Le champ version est le seul champ qui occupe la même place dans le paquet IPv6 et dans le paquet IPv4. Sa valeur est 6.
Classe de trafic 
Le premier mot de 32 bits étant exclu du calcul du checksum avec les pseudo-en-têtes, il est plus facile de le faire évoluer. Dans la version standardisée par le RFC 2460 un champ classe de trafic sur 8 bits permet la différenciation de services conformément aux spécifications du RFC 2474.
Le champ classe de trafic est aussi appelé dans les paquets IPv4 octet DiffServ (DS), il prend la place du champ ToS, initialement défini dans la spécification d'IPv4 (cf. figure Format de l'octet classe de trafic). Le champ DS est découpé en deux parties. Le sous-champ DSCP (DiffServ Code Point) contient les valeurs des différents comportements. Les deux derniers bits du champ sont actuellement non utilisés, mais devraient servir aux routeurs pour indiquer un risque de congestion en combinaison avec l'algorithme RED (Random Early Detection).
Figure 4-2 Format de l'octet classe de trafic
L'Internet différencié permet aux fournisseurs d'accès de gérer différemment les congestions qui surviennent dans le réseau. Sans différenciation, les paquets ont la même probabilité de rejet. Avec la différenciation, plusieurs classes de trafic seront définies. Les paquets appartenant aux classes les plus élevées ont une probabilité de rejet plus faible. Bien entendu pour que l'introduction de telles classes de service soit efficace, il faut offrir des tarifications différentes pour chacune des classes et des mécanismes de contrôle pour vérifier qu'un utilisateur n'utilise pas que les classes les plus élevées ou qu'il dépasse son contrat.
L'intérêt principal de la différenciation de services est qu'elle ne casse pas le modèle initial de l'Internet (version 4 ou version 6). Les flux sont toujours traités en "Best Effort" même si certains sont plus "Best" que d'autres. Il n'y a aucune garantie qu'un trafic d'une classe de service haute arrive à destination, mais la probabilité est plus importante. L'autre intérêt des classes de service vient de la possibilité d'agrégation des flux. La classe d'appartenance est indiquée dans l'en-tête du paquet. Les applications peuvent marquer le paquets en fonction de paramètres locaux (trafic du directeur de la société, flux multimédia interactif,...). Le fournisseur d'accès qui récupère le trafic n'a plus à se préoccuper des applicatifs, il vérifie que le trafic d'une classe ne dépasse pas le contrat préalablement établi.
Dans le cœur de son réseau, les routeurs prennent en compte les différentes classes. Le fournisseur d'accès devra également passer des accords avec les autres opérateurs pour pouvoir faire transiter les flux avec un traitement approprié. Cet aspect de dimensionnement de réseau et de négociation d'accords d'échange est au coeur du métier d'opérateur.
Pour l'instant deux types de comportement sont standardisés :
  • Assured Forwarding : Ce comportement définit quatre classes de services et trois priorités suivant que l'utilisateur respecte son contrat, le dépasse légèrement ou est largement en dehors. Les classes sont donc choisies par l'utilisateur et restent les mêmes tout au long du trajet dans le réseau. La priorité, par contre, peut être modifiée dans le réseau par les opérateurs en fonction du respect ou non des contrats.
  • Explicit Forwarding : Ce comportement est comparable à un circuit à débit constant établi dans le réseau. Le trafic est mis en forme à l'entrée du réseau, en retardant l'émission des paquets qui sont hors contrat.
En plus de ces comportements, l'octet DS a gardé, pour des raisons de compatibilité avec les équipements existants, les valeurs du bit ToS qui étaient le plus fréquemment utilisées. En particulier, la valeur 0xE0 correspond à la classe de contrôle du réseau (Network Control). Elle est utilisée dans des mises en oeuvre d'IPv6 pour l'émission de certains paquets ICMPv6.
Identificateur de flux 
Ce champ contient un numéro unique choisi par la source, qui a pour but de faciliter le travail des routeurs et la mise en oeuvre des fonctions de qualité de service comme RSVP. Cet indicateur peut être considéré comme une marque à un contexte dans le routeur. Le routeur peut alors faire un traitement particulier : choix d'une route, traitement en "temps-réel" de l'information.
Avec IPv4, certains routeurs, pour optimiser le traitement, se basent sur les valeurs des champs adresses de la source et de destination, numéros de port de la source et de destination et protocole pour construire un contexte. Ce contexte sert à router plus rapidement les paquets puisqu'il évite de consulter les tables de routage pour chaque paquet. Ce contexte est détruit après une période d'inactivité.
Avec IPv6, cette technique est officialisée. Le champ identificateur de flux peut être rempli avec une valeur aléatoire qui servira à référencer le contexte. La source gardera cette valeur pour tous les paquets qu'elle émettra pour cette application et cette destination. Le traitement est optimisé puisque le routeur n'a plus à consulter cinq champs pour déterminer l'appartenance d'un paquet. De plus si une extension de confidentialité est utilisée, les informations concernant les numéros de port sont masquées aux routeurs intermédiaires.
L'utilisation de ce champ a été rendue confuse car Cisco dans le cadre du Tag Switching a proposé de l'utiliser pour augmenter la vitesse de commutation des paquets. Cette proposition consiste à ne garantir l'unicité de l'identificateur de flux que sur un lien. Le routeur possède dans sa mémoire une table de correspondance qui permet, en fonction du lien d'arrivée et du numéro d'identificateur de flux, de déterminer le lien de sortie et la nouvelle valeur de l'identificateur. Cette proposition se rapproche énormément des techniques utilisées dans les circuits virtuels (ATM, Frame Relay, X.25,...).
Le groupe de travail MPLS (Multi Protocol Label Switching) a intégré les travaux sur le Tag Switching et a précisé la manière dont la commutation des paquets pourra être faite. L'identificateur de flux d'IPv6 n'est plus utilisé, mais un en-tête spécifique est introduit entre l'encapsulation de niveau 2 et celle de niveau 3. L'identificateur de flux n'a plus à être modifié en cours de transmission. Cette évolution clarifie l'utilisation du protocole RSVP (Reservation Protocol) qui peut se baser sur cette valeur, identique tout au long du chemin, pour identifier un flux.
En fait, l'utilisation de l'étiquette de flux est très floue, les micro-flux, c'est-à-dire de flux applicatifs, ne sont pas vus dans le coeur du réseau pour des raisons de scalabilité, de plus MPLS a repris la notion de routage spécifique en fonction d'une étiquette. Pour l'instant ce champ peut être vu comme réservé et son utilisation pourra être mieux spécifiée dans le futur.
Longueur des données utiles (payload) 
Contrairement à IPv4, ce champ, sur deux octets, ne contient que la taille des données utiles, sans prendre en compte la longueur de l'en-tête. Pour des paquets dont la taille des données serait supérieure à 65 535 ce champ vaut 0 et l'option jumbogramme de l'extension de "proche-en-proche" est utilisée (cf. Jumbogramme) (type 194 ou 0xc2, RFC 2675 ). Cette option est utilisée quand le champ longueur des données du paquet IPv6 n'est pas suffisant pour coder la taille du paquet. Cette option est essentiellement prévue pour la transmission à grand débit entre deux équipements. Si l'option jumbogramme est utilisée, le champ longueur des données utiles dans l'en-tête IPv6 vaut 0. Noter que le type commence par la séquence binaire 11, ce qui permet au routeur ne traitant pas les jumbogrammes d'en informer la source. Celle-ci pourra réémettre l'information sans utiliser cette option.).


En-tête suivant 
Ce champ a une fonction similaire au champ protocole du paquet IPv4. Il identifie le prochain en-tête. Il peut s'agir d'un protocole (de niveau supérieur ICMP, UDP, TCP...) ou de la désignation d'extensions (cf. tableau Valeurs du champ en-tête suivant).
Valeurs du champ en-tête suivant
valeur Extension valeur Protocole
0 Proche-en-proche 4 IPv4
43 Routage 6 TCP
44 Fragmentation 17 UDP
50 Confidentialité 41 IPv6
51 Authentification 58 ICMPv6
59 Fin des en-têtes 132 SCTP
60 Destination 136 UDP-lite
135 Mobilité
140 Shim6

Les extensions contiennent aussi ce champ pour permettre un chaînage.

Nombre de sauts 
Il est décrémenté à chaque nœud traversé. Un datagramme retransmis par un routeur est rejeté avec l'émission d'un message d'erreur ICMPv6 vers la source si la valeur après décrémentation atteint 0.
Dans IPv4 ce champ est appelé durée de vie (ou TTL Time To Live). Sa vocation initiale est d'indiquer, en secondes, la durée maximale durant laquelle un paquet peut rester dans le réseau. En pratique, les paquets ne restent que quelques millisecondes dans les routeurs, et donc la décrémentation est arrondie à 1. Par contre, pour une liaison plus lente la décrémentation de ce champ peut être supérieure à 1. Dans IPv6, comme il s'agit d'un nombre de sauts, la décrémentation est toujours de 1.
La valeur initiale de ce champ devrait être donnée dans un document annexe de l'IANA (http://www.iana.org/) ce qui permettrait de la modifier en fonction de l'évolution de la topologie du réseau. La valeur n'est pas encore officiellement attribuée, mais certaines implantations prennent actuellement la valeur conseillée pour IPv4 : 64.
La valeur par défaut peut être dynamiquement attribuée aux équipements du réseau par les annonce des routeurs (cf. Configuration automatique), une modification de ce paramètre sera donc relativement simple quand la limite actuelle sera atteinte. On peut noter une limitation, puisque ce champ codé sur 8 bits n'autorise la traversée que de 255 routeurs. En réalité, dans l'Internet actuel, le nombre maximal de routeurs traversés est d'une quarantaine, ce qui laisse une bonne marge pour l'évolution du réseau.

Exemples

Le paquet IPv6 suivant a été capturé au cours d'une connexion FTP :

0000: 60 00 00 00 00 28 06 40 3f fe 03 02 00 12 00 02
0010: 00 00 00 00 00 00 00 13 3f fe 03 05 10 02 00 01
0020: 02 00 c0 ff fe 11 cb a0|ff b3 00 15 55 4d fd d1
0030: 00 00 00 00 a0 02 40 00 7d 76 00 00 02 04 05 a0
0040: 01 03 03 00 01 01 08 0a 00 9a 17 44 00 00 00 00

Le paquet commence par 6 qui indique la version du protocole. Le second champ 00 donne la classe de trafic DiffServ. L'identificateur de flux n'a pas été défini par la source (0 00 00). La longueur du paquet est de 0x0028 octets. Le paquet ne contient pas d'extension puisque la valeur de l'en-tête suivant, 0x06, correspond au protocole de niveau 4 TCP. Le nombre maximal de routeurs que le paquet pourra traverser est de 64 (0x40). Les adresses source et destination sont des adresses de test appartenant au plan d'adressage agrégé.

Justification des extentions

Enchaînement d'extentions
Figure : Enchaînement d'extentions
La figure "Enchaînement d'extentions" montre la souplesse avec laquelles plusieurs extentions peuvent être chaînées. Chaque extention contient dans son en-tête un champ en-tête suivant et longueur. Le premier paquet ne contient pas d'extention, le champ en-tête suivant pointe sur TCP. Le second paquet contient une extention de routage qui pointe sur TCP. Dans le dernier paquet, une extention de fragmentation est ajoutée après celle de routage.

Si cet enchaînement d'extention offre beaucoup plus de souplesse que les options d'IPv4, il rend difficile la lecture des numéros de port, il faut en effet lire tout l'enchaînement d'extention pour arriver au protocole de niveau 4. Ceci a seri de justification au l'identificateur de flux qui permettait de refleter au niveau 3 un flux particulier et évitait de dérouler l'enchaînement. Bien entendu, les pare-feux devront aux numéros de ports.

Les extentions peuvent être vues comme un protocole 3.5 (entre la couche 3 et la couche 4). En effet, à part l'extention de proche-en-proche, qui est traitée par tous les routeurs traversés, les autres extentions ne sont traitées que par le destinataire du paquet (i.e. celui spécifié dans le champ adresse de destination du paquet IPv6).

Traitement optimisé des extentions

Traitement de l'option LSR en IPv4
Figure : Traitement de l'option LSR en IPv4


L'exemple suivant permet de souligner les problèmes d'utilisation des options dans IPv4, d'illustrer la notion de tunnel et le concept de transmission multicast.


La solution (cf. figure Traitement de l'option LSR en IPv4) consiste à émettre le paquet avec l'option de routage libéral par la source (loose source routing). Le paquet est destiné au routeur R1, qui permute l'adresse de destination avec celle contenue dans le champ option. Le paquet franchissant les routeurs entre A et R1 puis R1 et B sera retardé à cause de la présence du champ option. Avec IPv4, les options sont obligatoirement prises en compte par tous les routeurs intermédiaires. Ceux-ci, pour des raisons de performance, privilégient les paquets sans option. De plus, par construction, la longueur du champ option est limitée à 40 octets, ce qui limite l'emploi simultané de plusieurs options.

Traitement avec l'extention de routage IPv6
Figure : Traitement avec l'extention de routage IPv6

Avec IPv6 la philosophie est différente comme le montre la figure "Traitement avec l'extention de routage IPv6". Un paquet normal à destination de R1 est envoyé dans le réseau et est traité normalement par les routeurs intermédiaires. R1 reconnait son adresse et le passe à la couche supérieur qui traite l'extention de routage. Cette couche inverse les adresses et réémet le paquet vers la nouvelle destination.

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