MOOC:Compagnon Act04-f

From Livre IPv6

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Activité 04 : Pourquoi IPv6 ?

Changement d'échelle pour le protocole IP

Le problème de pénurie des adresses Internet est principalement dû à l'explosion de la demande qui dépasse largement la capacité d'adressage IPv4.

Nous allons introduire les points clés de la nouvelle version du protocole d'interconnexion IP : le protocole IPv6.

Nous expliquerons pourquoi il y a beaucoup plus d'adresses et comment le protocole IP a été simplifié et modernisé.

Les deux protocoles étant différents, le passage d'IPv4 à IPv6 a fait l'objet de scénarios spécifiés dans des RFC. Un grand nombre d'équipements et de services reposent toujours sur IPv4 et une cohabitation s'est installée pour encore de nombreuses années. Néanmoins, IPv6 est un passage obligé pour l'Internet du 21e siècle.

IPv6, une nouvelle version du protocole IP

La nouvelle version d'IP reprend ses principes fondateurs : encapsulation des données dans des paquets, adresses source et destination dans l'en-tête, transfert en mode datagramme, routage paquet par paquet.

Le réseau utilise des équipements intermédiaires simples et agnostiques aux données transférées. Il n'effectue aucune reprise sur erreurs et tout le contrôle est reporté sur les extrémités dans d'autres protocoles. L'adressage est toujours hiérarchique mais de nouveaux niveaux sont ajoutés à la demande.

Deux points clés permettent à IPv6 de résoudre les problèmes que nous avons évoqués dans les activités précédentes :

  • IPv6 offre une adresse plus longue qui passe de 32 bits à 128 bits. Cette capacité immense va résoudre la pénurie à très long terme ;
  • les concepteurs d'IPv6 ont voulu moderniser le protocole par la même occasion pour prendre en compte de nouveaux besoins qui n'avaient pas été envisagés dans les années 70-80.

Par exemple, il n'avait pas été imaginé le développement de la diffusion de chaînes de télévision sur Internet. Dans IPv6, la diffusion à un groupe de récepteurs, le multicast, a été défini dès le départ.

IPv6 : un système d'adressage avec une capacité immense

L'espace d'adressage IPv6 a une capacité immense. Une adresse IPv6 est longue de 128 bits (16 octets), contre 32 bits pour IPv4. On dispose ainsi d'environ 3,4 × 1038 adresses (soit plus de 340 sextillions).

Pour reprendre l'image usuelle, on aurait plus de 667 millions d'adresses IPv6 par millimètre carré de surface terrestre.

Le format de l'adresse est hiérarchique avec de multiples niveaux. L'opérateur dispose d'un bloc d'adresses plus long qui lui donne plus de liberté pour allouer des sous-blocs. On peut découper par exemple l'adresse en 4 champs qui sont :

  • le préfixe FAI ;
  • le préfixe de réseau ;
  • le préfixe de sous-réseau ;
  • et l'adresse hôte.

En IPv6, l'auto-configuration d'adresse permet à un hôte d'utiliser son adresse physique ou MAC pour créer son adresse réseau. Pour réaliser la transition en douceur, cela marche aussi avec l'adresse IPv4. De nouvelles fonctionnalités définissent des adresses génériques pour, par exemple, trouver immédiatement le serveur DNS sur un réseau, ou n'importe quel autre service.

IPv6 : simplification des fonctions d’IP

La conception d'IPv6 est aussi l'occasion de dépoussiérer le protocole.

Ainsi, la protection des erreurs du paquet IPv4 par un checksum est finalement inutile puisque déjà réalisée au niveau liaison ; on a supprimé le checksum de l'en-tête.

La fragmentation d'un paquet lorsqu'il arrive dans un réseau où les trames sont trop petites pour l'encapsuler est aussi évité par IPv6. Le protocole préconise d'apprendre la taille minimale de paquet supportée sur tout le chemin et ainsi, d'envoyer des paquets de la bonne taille.

Le protocole IPv4 ayant été conçu il y a 40 ans, de nouveaux usages sont apparus qu'il a fallu ajouter de manière artificielle. Dans IPv6, il sera possible d'ajouter de nouvelles fonctionnalités assez facilement grâce aux extensions d'en-tête.

Fort de l'expérience acquise avec IPv4, certaines fonctions d'IP on été redéfinies et optimisées. Ainsi, selon le principe d'indépendance entre les couches du modèle protocolaire, il n'y a en IP aucune relation entre les adresses de niveau réseau et de niveau liaison. Or, l'adresse physique est nécessaire pour transmettre la trame qui contient le paquet. Il faut donc chercher et récupérer cette adresse physique avant d'encapsuler le paquet dans le champ de données de la trame. Ce mécanisme de mise en correspondance de l'adresse réseau et de l'adresse de niveau liaison a été redéfini en IPv6 pour le rendre plus sobre et plus efficace qu'en IPv4.

IPv4 à IPv6 : une transition pas si simple

IPv4 et IPv6 sont des protocoles différents : les adresses ainsi que le format des paquets n'ont pas la même structure. De fait, les deux technologies vont cohabiter sur Internet, chacune dans un plan d'adressage différent. Ceci a pour conséquence que la communication entre un hôte IPv4 et un hôte IPv6 ne peut pas se faire directement. Pour connecter tous les utilisateurs de manière transparente, les routeurs et les hôtes devront avoir une connectivité IPv4 et IPv6. On parle de double pile. Les équipements disposent alors à la fois d'une adresse IPv4 et d'une adresse IPv6.

Lorsqu'une des connectivités est manquante, il est possible de recourir à des solution de tunnels. Un tunnel permet à deux hôtes IPv4 de communiquer au travers d'un réseau IPv6, ou inversement. Cependant, il faut noter que le recours à un mécanisme de tunnels est complexe et nuit aux performances.

D'autres scénarios de transition ont été étudiés et sont spécifiés dans plusieurs RFC.

IPv4 à IPv6 : une cohabitation forcée

Le premier standard IPv6 date de 1995 et a été amélioré et complété durant une dizaine d'années. Depuis, la transition vers IPv6 n'est toujours pas finie alors même que les opérateurs ont quasiment tous épuisé leurs adresses IPv4.

En France, dans son baromètre annuel de la transition vers IPv6, l'ARCEP pointe les nombreux freins au déploiement généralisé d'IPV6. Les causes sont multiples car cette transition nécessite des compétences techniques et des ressources adaptées. C'est un vrai projet. Et ce rapport met en évidence le rôle joué dans cette transition par les multiples acteurs de l'Internet : fournisseurs d'accès, hébergeurs de contenus, opérateurs mobiles, équipementiers, services DNS, réseau de transit et terminaux.


Les équipementiers (ou fabricants de routeurs), les systèmes d'exploitation et les terminaux ont achevé leur mise en conformité avec les standards d'IPv6. Pour d'autres acteurs, comme les opérateurs, l'adoption d'IPv6 est plus longue. Carton rouge aux hébergeurs dont l'adoption d'IPv6 reste encore assez faible.

Sur le plan international, la situation est aussi différente selon les pays. Les Etats-unis, le Canada et quelques pays d'Europe ont largement déployé IPv6. Cependant, en majorité, les pays sont encore très faiblement impliqués.

IPv6 : un passage obligé

Restons optimistes cependant car les nouveaux services ou les nouveaux usages se tournent de plus en plus vers IPv6 car ils ne trouvent pas dans IPv4 les solutions techniques nécessaires à leur développement.

Les distributeurs de contenus qui déploient une infrastructure de caches répartis sur tout l'Internet ont besoin de beaucoup de flexibilité, de beaucoup de bande passante et d'une latence faible. Les nouveaux réseaux d'accès sont de plus en plus en IPv6. Enfin, l'Internet des objets, les villes intelligentes ou les réseaux de véhicules ne peuvent se développer qu'en IPv6.

Conclusion

Pour conclure, l'heure de la pénurie d'adresses IPv4 a sonné depuis quelques années et IPv6 est un passage obligé pour développer les nouveaux usages et simplifier le fonctionnement du réseau. IPv6 est le protocole de l’Internet du 21e siècle. Il est incontournable. L'IoT (Internet of Things) et les nouveaux usages seront les moteurs de son déploiement massif dans les dix prochaines années. Comme il modernise effectivement IPv4, il nécessite une étude approfondie de ses mécanismes de fonctionnement pour faciliter son appropriation par l'ensemble des acteurs impliqués dans un monde de plus en plus numérique.

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