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Pourquoi déployer IPv6 ?
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Pourquoi déployer IPv6 dans son réseau alors qu'IPv4 est actuellement utilisé?  
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Fondamentalement, les fonctionnalités apportées par IPv6 sont les mêmes qu'avec IPv4.
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__NOTOC__
  
L'apport d'IPv6 porte sur la connectivité, c'est à dire l'attribution d'au moins une adresse globale ou publique pour tout noeud connecté à l'Internet.
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= Activité 41 : Communiquer en double pile =
Une adresse identifie et localise un objet connecté au réseau.
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Cette propriété a été perdue avec IPv4.
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==Introduction==
  
Les progrès technologiques de l'informatique expliquent cette perte.
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[[image:V41-1.png|400px|thumb|center|]]
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Le déploiement IPv6 dans un réseau doit se faire selon de bonnes pratiques comme  :
  
en est IPv4 ?
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* Ne pas casser ou perturber ce qui fonctionne en IPv4.  IPv6 s'ajoute à l'existant, mais ne remplace pas l'existant. Le déploiement d'IPv6 est un processus  progressif, et additionnel.
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Au moment où a été conçu IPv4, il y avait un ordinateur pour une organisation et 4,3 milliard d'adresses étaient suffisant pour l'Internet.
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Ensuite avec les mini-calculateurs on est arrivé à un ordinateur pour un département.  
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* Transparent à l'utilisation ou  indolore à l'utilisateur. Ce dernier ne doit constater aucune dégradation du service de communication.
  
Avec la micro-informatique, c'est devenu un ordinateur par personne.  
+
* Viser des améliorations en terme, de simplicité, de gestion et de performance du réseau ou, pire, que cette dernière soit équivalente à celle obtenue en IPv4.  On doit même constater un meilleur fonctionnement du réseau, afin  d'encourager, et de motiver au passage à IPv6.
  
La généralisation du numérique dans différents objets comme les téléphones ou les télévisions, on en arrive à plusieurs ordinateurs par personne.  
+
* Maintenir la connectivité avec l'Internet IPv4.  IPv6 est une évolution de l'Internet, et ne doit pas être vue comme un moyen de faire un Internet parallèle.
  
L'espace d'adressage d'IPv4 est devenu trop petit et incapable de suivre les besoins générés par les nouveaux usages.
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Nous allons  voir maintenant comment mettre en oeuvre ces bonnes pratiques, avec d'abord la présentation de la technique de la double pile, puis les étapes de déploiement d'IPv6 dans un réseau existant, et enfin les problèmes qui peuvent potentiellement survenir lors de ce déploiement.
  
Avec IPv4, il n'a même pas assez d'adresses pour chaque habitant de la terre.
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==Technique de la double pile==
  
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Des mesures pour limiter la consommation
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Le premier mécanisme d'intégration recommandé  repose sur la technique dite de la double pile.
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Cette technique consiste à configurer à la fois la pile protocolaire IPv4 et la pile protocolaire IPv6 au sein d'un même noeud.
Peu après l'avénement du web, au début des années 1990, la disparition des adresses IPv4 disponibles a été prévue pour la fin du XX siècle.  
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Ainsi, le noeud est capable de communiquer dans les 2 versions du protocole IP.  
Des mesures ont été prises pour limiter leur consommation.
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Il est en quelque sorte bilingue. Il parle le langage de son correspondant :
  
En premier lieu cela a été d'avoir une allocation qui diminue le gaspillage.
+
* Lorsque l'adresse IP du correspondant appartient à l'espace d'adressage IPv4, la communication s'effectue avec des paquets IPv4.
Ce changement, connu sous le nom de CIDR  n'a pas été suffisant.  
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* Et quand l'adresse IP du correspondant appartient à l'espace d'adressage IPv6, la communication s'effectue en utilisant IPv6.
Il fallait toujours une adresse IP par noeud.  
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La seconde mesure prise a été de partager les adresses public entre plusieurs noeuds, En pratique, cela a demandé l'utilisation d'un nouveau dispositif : le NAT (pour Network Address Translation).
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Lorsque le serveur est lui-même en double pile, le client commencera par une communication en IPv6, Si sa tentative échoue, il basculera sur une communication en IPv4.  
  
Le NAT oblige à recourir à des adresses locales que l'on appelle adresses privées.  
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Dans le cas d'un routeur, celui-ci possède une table de routage pour chaque version du protocole.
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Le routeur est ainsi capable de relayer à la fois les paquets IPv6 et IPv4.
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De cette façon, IPv4 et IPv6 co-existe sur la même infrastructure. Autrement dit IPv6 n'a pas besoin d'une infrastructure dédiée.
  
Ce dispositif est dans toutes les box de l’accès des particuliers.
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Maintenant que nous avons identifié une technique d'intégration d'IPv6 à un réseau existant, reste le problème de la méthode du déploiement d'IPv6. Par quel bout attaquer le problème ?
  
Ces mesures on les voit sur la courbe ont donné du temps pour promouvoir une solution.  En vérité, le développement de l'ADSL et de la teléphonie mobile ont accéléré la pénurie d'adresses IPv4.
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==Etude et préparation==
  
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Conséquences de l’introduction du NAT
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Déployer IPv6 dans un réseau, c'est bien plus qu'un changement de tuyau.  Cela touche tout le système d'information. On ne passe pas d'IPv4 à IPv6, comme on change de version dans un logiciel.  Il faut mettre à jour tout le réseau, et toutes les applications. L'intégration d'IPv6 doit se faire avec méthode, et selon un mode projet, en suivant des étapes planifiées.
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L'introduction du NAT a eu des conséquences sur l'Internet.  
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La première étape commence par une étude, et un inventaire de l'existant, afin d'identifier les points qui vont poser problème. Il n'est pas question de changer tous les équipements.
Avant l'introduction de ce dispositif, les hôtes communiquaient selon le principe du bout en bout.  
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Il faut donc identifier  ceux qui disposent d'IPv6.  
C'est à dire sans que leur paquet soient modifiés par le réseau.  
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Pour les autres, qui ne disposent pas d'IPv6, une mise à jour peut être suffisante. Il ne faut pas oublier qu'IP n'est que du logiciel.
Vu que le NAT effectue des modifications dans l'entête IP et de transport comme celui de TCP, cela équivaut à figer les protocoles de transport de l'Internet.  
+
La vérification de la disponibilité d'IPv6 peut être aussi simple, que vérifier qu'une interface réseau possède l'adresse auto-configurée de portée locale au lien.
  
Un NAT n'a pas la capacité pour traiter un nouveau protocole. Ce qui bloque tout déploiement de nouveaux protocoles de transport et d'une certaine manière l'innovation sur l’Internet. On parle même d’ossification de l’Internet pour qualifier ce blocage.
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Cependant l'adresse de portée locale au lien n'est pas suffisante.  
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Pour des communications passant par des routeurs, il faut une adresse unicast routable.
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Pour cela, il faut  constituer une adresse à partir d'un préfixe public dit GUA.
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Le préfixe GUA est indispensable si le réseau est destiné à être interconnecté à l'Internet.
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Ensuite, il faut définir un préfixe local selon un plan d'adressage reposant sur le champ SID.
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Le préfixe public complété par le préfixe local va constituer un préfixe réseau de 64 bits attribué à un lien.
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C'est en combinant ce préfixe sur 64 bits et un identifiant sur 64 bits qu'une adresse IPv6 unicast est composée.
  
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==Déploiement de la double pile==
Le modèle d'interaction se trouve également rigidifié. Si le client peut s'accomoder d'une adresse partagée gérée à l'aide de l'adressage privé, le serveur a besoin d'une adresse qui lui est propre afin d'être contacté par les clients.
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Ainsi un réseau qui utilise un adressage privé n'est pas en mesure d'héberger simplement un serveur.
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Enfin, le NAT ne répond pas au besoin considérable en nouvelles adresses. C'est une réponse temporaire à la pénurie d’adresses IPv4.
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Une fois le plan d'adressage défini, il reste à distribuer les adresses aux noeuds. Ceci va s'effectuer, par la configuration en double pile, des équipements existants.
  
Motivations à IPv6
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Il s'agit cette fois de configurer en IPv6 les routeurs, les serveurs, et les postes de travail. Comme il est peut probable que toutes les applications métiers soient capables de fonctionner en IPv6. Le réseau va rester mixte.
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A ce stade, il ne faut pas oublier d'intégrer dans l'annuaire du domaine, les adresses IPv6 allouées.
Les motivations au passage à IPv6 trouvent leur origine dans les limitations d'IPv4.  
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Des nouveaux terminaux pourront apparaitre, et fonctionner en IPv6 nativement, tout en inter-opérant avec l'existant passé en double pile.  
On peut citer :
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On peut rappeler ici, la capacité d'IPv6 à se répandre facilement sur les terminaux à l'aide de l'auto-configuration dite, sans état. 
  
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Le déploiement d'IPv6 pour les applications consiste, à ne  pas  avoir une version de l'application par protocole. Au contraire, la même application doit aussi bien fonctionner, avec IPv4, qu'avec IPv6.
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Ainsi, quel que soit le protocole IP, celui-ci est transparent au niveau de l'utilisateur, et de l'application.
  
Tout d'abord retrouver la simplicité d'une connectivité de bout en bout qui a fait le succès de l'Internet.
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Pour avoir des applications qui fonctionnent à la fois en IPv4, et en IPv6, il faut que les applications utilisent un format d'adresse sur 128 bits, autrement dit compatible à IPv6.
Il n'est pas soutenable que la croissance de la taille de l'Internet s'accompagne d'une complexité croissante.
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La version du protocole utilisée dépendra alors de l'adresse de destination.
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Lorsque l'adresse de destination est une adresse IPv6 contenant une adresse IPv4, la communication va s'effectuer en utilisant des paquets IPv4.
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Et lorsque l'adresse de destination contient bien une adresse IPv6, la communication va s'effectuer par des paquets IPv6.
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On voit, que la même application utilise la double pile, et que le choix de la pile est fait en fonction de la version de l'adresse du correspondant.  
  
Ensuite, c'est retenir une technologie qui offre un support à l'innovation pour des nouveaux usages et des nouveaux services.
+
Soulignons que le développement d'application doit se faire de nos jours exclusivement avec le format d'adresse pour IPv6. Ainsi l’application est compatible avec IPv6,  et elle reste toujours utilisable dans un environnement IPv4.
Le réseau redevient indépendant par rapports aux protocoles utilisés par les applications et le transport.
+
  
Enfin, IPv6 est une évolution inéluctable pour adapter l'Internet aux besoins de l'informatique moderne. 
+
==Problèmes liés au déploiement d'IPv6==
L'espace d'adressage doit prendre en compte les progrès technologiques des ordinateurs
+
  
 +
Le déploiement d'IPv6 dans un réseau existant peut amener à des dégradations de service, si des précautions ne sont pas prises. C'est ce que nous allons voir maintenant.
  
IPv6 n'est pas une expérience.
+
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On le voit sur cette courbe effectué par google sur le taux de requêtes reçues en IPv6 par le moteur de recherche.  
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[[image:V41-5.png|400px|thumb|center|]]
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Le déploiement s'accélère depuis 2011.  
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Le premier problème porte sur la '''phase d'établissement de connexion'''.
Le trafic double tous les ans pour atteindre 10% fin 2015.
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Les temps de réponse pour joindre un serveur peut avoir significativement augmenté tout du moins assez pour agacer l'utilisateur. Voyons le problème en détail.  
  
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Un client en double pile  souhaite accéder à un serveur.
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Après interrogation du service de nommage, il obtient les 2 adresses du serveur qui est lui aussi en double pile.
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Conformément aux préconisations, le client demande de préférence l'établissement d'une connexion TCP en utilisant IPv6.
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IPv6 ayant potentiellement des liens à base de tunnel IPv4, a une connectivité plus fragile. Il se peut que le serveur soit non joignable.
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Après plusieurs tentatives infructueuses, qui auront pris de très nombreuses secondes,  le client essaye donc avec l'adresse IPv4 et là, la connexion s'établit dans un temps normal.
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Devant ce problème, la méthode va consister à tenter la connexion en IPv6 dans un délai très court (de l'ordre de 500 millisecondes), et de passer à IPv4 au plus vite en cas d'échec.
  
Quel est le scénario de déploiement d'IPv6 dans l'Internet ?
+
Le second problème est lié à la '''taille des paquets IP'''.
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La taille maximale des paquets IPv6 est souvent plus limitée que pour celle pour IPv4, du fait d'un usage des tunnels plus fréquent.
IPv6 est une évolution d'IPv4. Cela signifie qu'il prend la suite de ce qui existe.
+
Le client arrive à établir la connexion avec le serveur.
Autrement dit IPv6 vient soulager IPv4 et assurer maintenant la croissance de l'Internet.
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Et tant que les échanges utilisent des petits paquets tout se passe bien.
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Dès qu'un paquet de taille supérieure à la taille maximale du paquet permis par le chemin est envoyé. Celui-ci est jeté, du fait qu'un routeur IPv6 ne fait pas de fragmentation.  
En conservant un seul Internet, cela oblige IPv6 à coexister avec IPv4 sur la même infrastructure.  
+
Le routeur qui supprime le paquet signale à la source, par un message ICMP, cette anomalie de taille.
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Mais comme les messages ICMP sont souvent bloqués par des administrateurs réseaux maladroits, il n'y aura pas de fragmentation faite par la source.  
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Au final, une connexion est établie, mais aucune donnée ne pourra être échangée.
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La solution proposée consiste à ce que, TCP surveille la taille des paquets perdus, et que les retransmissions s'effectuent avec des tailles de paquet de plus en plus petites, pour finir par correspondre à la taille maximale du paquet permis par le chemin.
  
Ainsi le déploiement IPv6 doit se faire progressivement tout en maintenant IPv4 en fonctionnement. Il s'agit plus d'une intégration que d'une transition.  
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Enfin, un autre problème lié aussi au tunnel, porte sur '''l'interactivité dégradée'''.
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Comme la connectivité  IPv6 comporte souvent des tunnels.
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Les tunnels peuvent être de longueur importante ajoutant des délais  au temps de transfert du paquet.
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Ainsi, le chemin entre un client et un serveur en IPv6 peut être bien plus long, que si la communication avait été faite en IPv4.
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La solution n'est pas au niveau de l'application, elle réside dans la constitution des tunnels. Ceux-ci doivent être les plus courts possible.
  
Pour autant IPv6 et IPv4 ne peuvent interopérer directement. Maintenir
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==Conclusion==
la connectivité globale de l'Internet avec 2 couches de réseau  nécessite  des mécanismes d'intégration.
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[[image:V41-6.png|400px|thumb|center|]]
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Problèmes d’interopérabilité
 
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Dans un système de communication, il convient de distinguer les hôtes, du réseau. Les problèmes d'interoperabilité apparaissent quand soit les hôtes ou soit le réseau ne sont pas dans la même version d’IP.
 
  
En partant d'une situation où tout est en IPv4, on peut avoir le cas où les hôtes n'interopérent pas avec le réseau ou les 2 hôtes n'interoperent pas avec l'un l'autre. A terme, on doit retrouver tout en IPv6.
+
La double pile permet  la coexistence d'IPv6 avec IPv4 dans le même réseau.  
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Au commencement, IPv4 reste fonctionnel, et IPv6 ne risque pas de compromettre le bon fonctionnement des services.  
  
C'est cette phase de transition entre le tout IPv4 et le tout IPv6 qui est douloureuse.  Chaque cas de coexistence pose un problème particulier qui demande un mécanisme dédié.  
+
Le déploiement d'IPv6 s'effectue progressivement, et constitue bien une extension à IPv4 plutôt qu'un remplacement.  Autrement dit, IPv6 est une évolution d'IPv4, et non le moyen de faire un Internet parallèle, et disjoint de l'existant.
  
+
Il n'en reste pas moins, que la double pile reste transitoire, et que la présence d'IPv4 oblige à prendre des précautions pour éviter une perte de performance du service fourni par IPv6.
  
La situation la plus simple est d'avoir des noeuds  en double pile qui sont capables de communiquer en IPv4 quand le correspondant est en IPv4 et de communiquer en IPv6 lorsque le correspondant est en IPv6.
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Le service de communication en IPv6 est appelé à s'améliorer avec la disparition progressive d'IPv4.
 
+
Lorsque qu'il n'y a pas de connectivité entre 2 réseaux IPv6, la solution est de tirer une ligne virtuelle IPv6 en utilisant IPv4. On parle alors de tunnel.
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Dans le cas où les hôtes sont incompatibles, la solution repose sur un dispositif additionnel de traduction similaire au NAT dans lequel la version du protocole IP change.
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Conclusion
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La pénurie d'adresses d’IPv4 s'est traduite par une restriction des usages couplée d’une  hausse de la complexité et du coût de la connectivité à Internet. IPv6 vise à dépasser ces limitations d’IPv4.
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IPv6 est en cours de déploiement. Ce n'est pas une utopie.
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IPv6 se déploie sans arrêter IPv4. Son déploiement doit se faire progressivement en conservant l'unicité de l'Internet. IPv6 et IPv4 sont appelés à cohabiter un certain temps.
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Pour que cette cohabitation soit possible dans un même Internet, des mécanismes d'intégration doivent être également déployés. Ils ne visent qu'à faciliter l'intégration d'IPv6 dans  un monde IPv4. Ils sont transitoires.
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L'objectif final est d'avoir Internet en IPv6 partout. IPv6 natif est la seule solution viable à terme.
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Dans  les activités suivantes nous allons détailler le principe de fonctionnement pour les 3 types de techniques d'intégration d'IPv6.
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Latest revision as of 09:50, 1 March 2022


Activité 41 : Communiquer en double pile

Introduction

V41-1.png

Le déploiement IPv6 dans un réseau doit se faire selon de bonnes pratiques comme  :

  • Ne pas casser ou perturber ce qui fonctionne en IPv4. IPv6 s'ajoute à l'existant, mais ne remplace pas l'existant. Le déploiement d'IPv6 est un processus progressif, et additionnel.
  • Transparent à l'utilisation ou indolore à l'utilisateur. Ce dernier ne doit constater aucune dégradation du service de communication.
  • Viser des améliorations en terme, de simplicité, de gestion et de performance du réseau ou, pire, que cette dernière soit équivalente à celle obtenue en IPv4. On doit même constater un meilleur fonctionnement du réseau, afin d'encourager, et de motiver au passage à IPv6.
  • Maintenir la connectivité avec l'Internet IPv4. IPv6 est une évolution de l'Internet, et ne doit pas être vue comme un moyen de faire un Internet parallèle.

Nous allons voir maintenant comment mettre en oeuvre ces bonnes pratiques, avec d'abord la présentation de la technique de la double pile, puis les étapes de déploiement d'IPv6 dans un réseau existant, et enfin les problèmes qui peuvent potentiellement survenir lors de ce déploiement.

Technique de la double pile

V41-2.png


Le premier mécanisme d'intégration recommandé repose sur la technique dite de la double pile. Cette technique consiste à configurer à la fois la pile protocolaire IPv4 et la pile protocolaire IPv6 au sein d'un même noeud. Ainsi, le noeud est capable de communiquer dans les 2 versions du protocole IP. Il est en quelque sorte bilingue. Il parle le langage de son correspondant :

  • Lorsque l'adresse IP du correspondant appartient à l'espace d'adressage IPv4, la communication s'effectue avec des paquets IPv4.
  • Et quand l'adresse IP du correspondant appartient à l'espace d'adressage IPv6, la communication s'effectue en utilisant IPv6.

Lorsque le serveur est lui-même en double pile, le client commencera par une communication en IPv6, Si sa tentative échoue, il basculera sur une communication en IPv4.

Dans le cas d'un routeur, celui-ci possède une table de routage pour chaque version du protocole. Le routeur est ainsi capable de relayer à la fois les paquets IPv6 et IPv4. De cette façon, IPv4 et IPv6 co-existe sur la même infrastructure. Autrement dit IPv6 n'a pas besoin d'une infrastructure dédiée.

Maintenant que nous avons identifié une technique d'intégration d'IPv6 à un réseau existant, reste le problème de la méthode du déploiement d'IPv6. Par quel bout attaquer le problème ?

Etude et préparation

V41-3.png


Déployer IPv6 dans un réseau, c'est bien plus qu'un changement de tuyau. Cela touche tout le système d'information. On ne passe pas d'IPv4 à IPv6, comme on change de version dans un logiciel. Il faut mettre à jour tout le réseau, et toutes les applications. L'intégration d'IPv6 doit se faire avec méthode, et selon un mode projet, en suivant des étapes planifiées.

La première étape commence par une étude, et un inventaire de l'existant, afin d'identifier les points qui vont poser problème. Il n'est pas question de changer tous les équipements. Il faut donc identifier ceux qui disposent d'IPv6. Pour les autres, qui ne disposent pas d'IPv6, une mise à jour peut être suffisante. Il ne faut pas oublier qu'IP n'est que du logiciel. La vérification de la disponibilité d'IPv6 peut être aussi simple, que vérifier qu'une interface réseau possède l'adresse auto-configurée de portée locale au lien.

Cependant l'adresse de portée locale au lien n'est pas suffisante. Pour des communications passant par des routeurs, il faut une adresse unicast routable. Pour cela, il faut constituer une adresse à partir d'un préfixe public dit GUA. Le préfixe GUA est indispensable si le réseau est destiné à être interconnecté à l'Internet. Ensuite, il faut définir un préfixe local selon un plan d'adressage reposant sur le champ SID. Le préfixe public complété par le préfixe local va constituer un préfixe réseau de 64 bits attribué à un lien. C'est en combinant ce préfixe sur 64 bits et un identifiant sur 64 bits qu'une adresse IPv6 unicast est composée.

Déploiement de la double pile

V41-4a.png

Une fois le plan d'adressage défini, il reste à distribuer les adresses aux noeuds. Ceci va s'effectuer, par la configuration en double pile, des équipements existants.

Il s'agit cette fois de configurer en IPv6 les routeurs, les serveurs, et les postes de travail. Comme il est peut probable que toutes les applications métiers soient capables de fonctionner en IPv6. Le réseau va rester mixte. A ce stade, il ne faut pas oublier d'intégrer dans l'annuaire du domaine, les adresses IPv6 allouées. Des nouveaux terminaux pourront apparaitre, et fonctionner en IPv6 nativement, tout en inter-opérant avec l'existant passé en double pile. On peut rappeler ici, la capacité d'IPv6 à se répandre facilement sur les terminaux à l'aide de l'auto-configuration dite, sans état.

Le déploiement d'IPv6 pour les applications consiste, à ne pas avoir une version de l'application par protocole. Au contraire, la même application doit aussi bien fonctionner, avec IPv4, qu'avec IPv6. Ainsi, quel que soit le protocole IP, celui-ci est transparent au niveau de l'utilisateur, et de l'application.

Pour avoir des applications qui fonctionnent à la fois en IPv4, et en IPv6, il faut que les applications utilisent un format d'adresse sur 128 bits, autrement dit compatible à IPv6. La version du protocole utilisée dépendra alors de l'adresse de destination. Lorsque l'adresse de destination est une adresse IPv6 contenant une adresse IPv4, la communication va s'effectuer en utilisant des paquets IPv4. Et lorsque l'adresse de destination contient bien une adresse IPv6, la communication va s'effectuer par des paquets IPv6. On voit, que la même application utilise la double pile, et que le choix de la pile est fait en fonction de la version de l'adresse du correspondant.

Soulignons que le développement d'application doit se faire de nos jours exclusivement avec le format d'adresse pour IPv6. Ainsi l’application est compatible avec IPv6, et elle reste toujours utilisable dans un environnement IPv4.

Problèmes liés au déploiement d'IPv6

Le déploiement d'IPv6 dans un réseau existant peut amener à des dégradations de service, si des précautions ne sont pas prises. C'est ce que nous allons voir maintenant.

V41-5.png

Le premier problème porte sur la phase d'établissement de connexion. Les temps de réponse pour joindre un serveur peut avoir significativement augmenté tout du moins assez pour agacer l'utilisateur. Voyons le problème en détail.

Un client en double pile souhaite accéder à un serveur. Après interrogation du service de nommage, il obtient les 2 adresses du serveur qui est lui aussi en double pile. Conformément aux préconisations, le client demande de préférence l'établissement d'une connexion TCP en utilisant IPv6. IPv6 ayant potentiellement des liens à base de tunnel IPv4, a une connectivité plus fragile. Il se peut que le serveur soit non joignable. Après plusieurs tentatives infructueuses, qui auront pris de très nombreuses secondes, le client essaye donc avec l'adresse IPv4 et là, la connexion s'établit dans un temps normal. Devant ce problème, la méthode va consister à tenter la connexion en IPv6 dans un délai très court (de l'ordre de 500 millisecondes), et de passer à IPv4 au plus vite en cas d'échec.

Le second problème est lié à la taille des paquets IP. La taille maximale des paquets IPv6 est souvent plus limitée que pour celle pour IPv4, du fait d'un usage des tunnels plus fréquent. Le client arrive à établir la connexion avec le serveur. Et tant que les échanges utilisent des petits paquets tout se passe bien. Dès qu'un paquet de taille supérieure à la taille maximale du paquet permis par le chemin est envoyé. Celui-ci est jeté, du fait qu'un routeur IPv6 ne fait pas de fragmentation. Le routeur qui supprime le paquet signale à la source, par un message ICMP, cette anomalie de taille. Mais comme les messages ICMP sont souvent bloqués par des administrateurs réseaux maladroits, il n'y aura pas de fragmentation faite par la source. Au final, une connexion est établie, mais aucune donnée ne pourra être échangée. La solution proposée consiste à ce que, TCP surveille la taille des paquets perdus, et que les retransmissions s'effectuent avec des tailles de paquet de plus en plus petites, pour finir par correspondre à la taille maximale du paquet permis par le chemin.

Enfin, un autre problème lié aussi au tunnel, porte sur l'interactivité dégradée. Comme la connectivité IPv6 comporte souvent des tunnels. Les tunnels peuvent être de longueur importante ajoutant des délais au temps de transfert du paquet. Ainsi, le chemin entre un client et un serveur en IPv6 peut être bien plus long, que si la communication avait été faite en IPv4. La solution n'est pas au niveau de l'application, elle réside dans la constitution des tunnels. Ceux-ci doivent être les plus courts possible.

Conclusion

V41-6.png


La double pile permet la coexistence d'IPv6 avec IPv4 dans le même réseau. Au commencement, IPv4 reste fonctionnel, et IPv6 ne risque pas de compromettre le bon fonctionnement des services.

Le déploiement d'IPv6 s'effectue progressivement, et constitue bien une extension à IPv4 plutôt qu'un remplacement. Autrement dit, IPv6 est une évolution d'IPv4, et non le moyen de faire un Internet parallèle, et disjoint de l'existant.

Il n'en reste pas moins, que la double pile reste transitoire, et que la présence d'IPv4 oblige à prendre des précautions pour éviter une perte de performance du service fourni par IPv6.

Le service de communication en IPv6 est appelé à s'améliorer avec la disparition progressive d'IPv4.

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